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Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
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14 décembre 2006

C'est la fin...

C’est le grand jour, le jour J, le jour de la délivrance, le jour de joie, le jour tout court… Enfin, c’est encore la nuit puisqu’il n’est que 3h30 du matin. J’ai environ une demi-heure pour me préparer et achever de boucler ma (grosse et encombrante) valise. Depuis hier soir j’ai la chance d’avoir de nouveau de la lumière, je suis donc toute joyeuse, quoiqu’un un peu endormie, et je n’hésite pas à faire une prière enflammée au Dieu de la lumière tadjike, au Dieu des fusibles « made in China », au Dieu des moitiés d’immeubles éclairées, au Dieu de la providence, bref, à tous les dieux qui me passent par le neurone (oui, parce qu’à cette heure-ci, c’est service minimum). Je me mets en quête d’un truc à manger, ce qui s’avère difficile puisque je viens justement de me débarrasser de toute forme de nourriture fraiche, périmée, lyophilisée, sèche, emballée, etc. Bref, je n’ai plus rien à manger. Et je n’ai plus rien à boire non plus. Parce que, résignée à mon sort et persuadée que je ne reverrai plus le courant dans mon bel appartement, je me suis également séparée de mes… (très) nombreux sachets de thé. Et l’eau du robinet n’est toujours pas potable (hé ho, c’est pas la cour des miracles ici, déjà l’électricité qui revient à point pour me permettre de prendre une dernière douche chaude, faut pas trop en demander non plus !!). Et je n’ai plus qu’un fond de jus de pomme à boire. Bah, c’est déjà pas mal… Vivement qu’on soit dans l’avion, pour avoir droit à un whis… euh, un jus de tomate…

Petit déjeuner achevé, je me jette sous la douche pour me décrasser, certes, mais surtout pour me réchauffer. Et oui, lumière ne veut pas dire chauffage. La prise murale est toujours fondue, et j’ai vraiment trop peur de provoquer un court-circuit général si je branche mon chauffage dans la prise d’en dessous. C’est pas que je n’aime pas les bougies (c’est top dans des vieux pots de nutella vides, je vous assure !), mais j’aime pas prendre des douches dans le noir, et il me reste quelques affaires à compresser dans ma valise, et un dernier tour d’appartement pour voir si je n’ai rien oublié (outre la vaisselle sale, des miettes par terre, un parapluie à moitié cassé et une moitié de gateau au frigo). Et le temps passe mine de rien. Il passe tellement vite d’ailleurs que je suis surprise en entendant le téléphone sonner… Oups, le chauffeur est déjà là. Pour le coup, je me dépêche pour de bon, enfile mes quatre épaisseurs de vêtement (tous ceux qui étaient trop volumineux ou trop lourds pour rentrer dans la valise), commence déjà à transpirer et fait soudain une attaque… Les clés !!! Je vais en faire quoi ? Bon, pas le temps de cogiter, il faut que je me descende valise, sac à dos et sac en plastique jusqu’au coffre de la voiture.

L’autre personne dans la voiture est scandinave (d’après son prénom) et accompagne une autre scandinave à l’aéroport. Durant le court trajet j’essaie de ne pas céder à la panique qui m’envahit toujours au moment des départs, et encore plus au moment des départs précipités. J’ai bien mon passeport, mon billet, ma migration card, mon sac à dos, mon précieux journal pas terminé, ma super paire de ciseaux qui date de mon année de 2nde (mais qui coupent toujours, sisi !), la lettre à remettre à Daler, les livres à remettre à Bactria, les CD à remettre à Roshni, et les clés à remettre à Faridun… Pour les affaires à remettre, je compte fortement sur la présence de Florian à l’aéroport, car sinon, je suis dans la m… élasse.

Arrivée à l’aéroport. Beaucoup de monde. Je galère à traîner toutes mes affaires et arrive haletante et pantelante au hall du départ. Petit coup d’œil circulaire, petite décharge d’adrénaline et pouls qui monte à 180 : Florian est nulle part… Oh merde (oui, pour le coup, c’est plus de la mélasse, c’est carrément de la merde !!). Je vais bientôt devoir passer la porte d’enregistrement, ce qui veut dire plus aucun contact avec le monde qui reste à Dushanbe. Ce qui veut dire plus aucune chance de refiler CDs, livres, lettre et clés… Alors, je me tourne vers la dernière personne qui me soit connue dans cet endroit : le scandinave qui accompagnait la scandinave qui elle est déjà partie se faire enregistrer. Je lui explique brièvement la situation, lui demande si ça ne le dérange pas de remettre tout ça à Florian de ma part et, sans attendre de réponse, lui fourre le tout dans les mains et commence à lui donner le numéro de téléphone de l’intéressé. Mon scandinave, tout pris au dépourvu, n’a pas le temps de trouver une excuse foireuse bidon, et n’a plus que le choix de sortir son portable et de me faire épeler consciencieusement le prénom de Florian ainsi que son numéro. Voila, le destin de 3 personnes et d’un centre culturel se trouve entre les mains de ce scandinave dont j’ai oublié le nom (Christian Petersen ? Peter Christiansen ? Ni l’un ni l’autre ?). Je le remercie, lui dit au revoir et m’engouffre par la petite porte, à peine arrêtée par le vigile qui veut contrôler mon billet d’avion.

La salle d’enregistrement est plus que pleine : elle est archi pleine. Je regarde directement dans le coin nord-ouest (enfin, j’en sais trop rien, je ne sais pas où est le nord) où se trouve le petit bureau d’enregistrement. Mon regard se pose sur les trois personnes qui attendent devant, puis sur les deux qui se trouvent derrière eux, ainsi de suite, jusqu’à ce que mes yeux se trouvent à regarder dans le coin sud-est, ou la file, après avoir fait de ravissantes ondulations, se termine enfin. Bon… ben… il ne me reste plus qu’à aller occuper la place numéro 8256, tout là-bas au fond, et à bouquiner le dernier Gala. Sauf que nous sommes à Dushanbe, donc il n’y a pas de Gala (ou alors en russe, mais j’ai même pas envie d’essayer) mais il n’y a pas non plus 8256 passagers… Je me procure une déclaration des douanes. Rien n’est traduit en anglais, donc je comprends pas tout. J’essaie de remplir un peu au pif, et je verrai bien ce que ça donnera. Peut-être que s’ils se concentrent sur ma déclaration des douanes mal remplie, ils ne remarqueront pas les 10 kilos de surpoids de ma valise ?

La file avance lentement… très lentement… trèèèèèès lentement. Il est tôt, et pourtant les nombreux enfants présents (vacances de noël obligent) sont très réveillés et passent le temps en jouant à trap-trap. Sauf que la pièce est quelque peu exigue, et surtout très remplie. Et vas-y que ça enjambe les valises, et vas-y que ça tourne autour des piliers, et vas-y que ça vous court entre les jambes, et vas-y que ça crie, et vas-y que ça pleure, et vas-y que ça s’empale sur vous en vous écrasant les pieds et en se mouchant sur votre pantalon… Bref, c’est long tout ça. Et dans ces cas là, rien ne vaut une petite discussion avec vos voisins de devant, de derrière, voire même de droite (oui, ceux qui sont arrivés après vous, mais qui sont découragés face à la longueur de la file et qui aimeraient bien s’incruster incognito avant vous…). En l’occurrence, je parle à mes voisin de derrière. Un homme et une femme d’affaires, tous les deux résidants (ou travaillant ?) en Belgique mais originaire de quelque part ailleurs. Et surtout, un guide tadjik qui les a accompagné depuis l’hôtel pour prendre en charge toutes les formalités du départ. Et qui est tellement gentil qu’il s’occupe des miennes en passant. Effaré devant ma déclaration des douanes, il entreprend la lourde tache de contredire la moindre de mes réponses (sauf pour mon identité et le numéro de mon passeport, où j’avais quand même eu juste !) tout en murmurant entre ses dents « non, franchement, vous voulez vraiment rester à Dushanbe vous ! ».

Une fois ma déclaration toute gribouillée, nous arrivons à l’endroit où on donne les bagages. Il y a une antique balance (à aiguilles) à côté, et en proie à un doute affreux, je cours me peser… 6 mois sans balance, il y a de quoi rendre folle n’importe quelle fille, non ? Non, en fait, c’était pour peser ma valise… Bien sur, mes nouveaux compagnons sont d’humeur très joueuse et s’amusent à monter à moitié sur la balance pour faire monter l’aiguille dans les 50 kilos… Quand ils finissent par se désintéresser de mon infarctus imminent, je pèse pour de bon ma valise : 21 ou 22 kilos… Ça va, c’est pas aussi terrible que je le pensais. C’est passé à 21,4 à l’aller, ça devrait bien passer au retour non ? Je récupère mon ticket, place 21 A, et mon guide d’une matinée nous quitte. L’avantage d’avoir poireauté pendant plus d’une heure avant l’enregistrement, c’est que du coup j’attends presque pas avant d’embarquer dans l’avion ! Bien sur, je ne suis pas la première. Et tout le monde a mis ses manteaux, sacs et autres semi-remorques dans les compartiments au-dessus des sièges. Donc je n’ai plus la place de rien mettre… Si, juste ma méga tenture. Je cale donc mon sac à dos sous le siège avant, mais comme il est trop grand, il dépasse vers moi. J’ai bien essayé de le pousser en douce plus loin sous le siège du passager situé devant moi, mais un méchant coup de pied arrière m’en a dissuadé… Donc je me retrouve avec deux fois moins de place que les autres personnes pour mettre mes pieds. Et puis j’ai mon manteau de ski (enfin non, le manteau de ski de Mélissa, qui est trop petit d’ailleurs) sur les genoux, ainsi que ma veste en laine, ainsi que mes deux écharpes, ainsi que la couverture que la compagnie aérienne distribue d’office, avec le petit coussin.

J’aurais du être près du hublot, mais les deux passagers assis à côté de moi ont annexé ma place d’office. Tant pis, je n’aurais pas l’occasion de dire au revoir au montagnes tadjikes saupoudrées de neige. D’ailleurs, en parlant de mes voisins. Les 9/10 de l’avion sont remplis d’expatriés (dont un bon quart est français, le reste parlant au moins l’anglais), et moi je me retrouve assise à côté d’un turc, qui ne parle que turc (ou alors qui m’a bien caché ses capacités en anglais) et d’un bulgare qui parle très bien turc et le russe. Je suis donc condamnée à me taire une grande partie du voyage. Le voyage en lui-même se passe plutôt bien. Je suis à l’étroit avec toutes mes épaisseurs et mon sac, et mon voisin turc me saoule en se levant régulièrement pour aller aux toilettes, mais sinon on nous nourrit et abreuve copieusement, j’épluche assidument le magazine de la compagnie aérienne car les seuls journaux proposés à bord étaient en turc uniquement (même pas de russe ! même pas d’anglais !), et je suis contente d’arriver enfin à Istanbul. La première partie de mon voyage est terminée.

Il est à peu près 10h (on a eu une heure de retard au décollage) et ma correspondance est aux alentours de 15h. Je ne me presse pas et laisse allègrement tout le monde passer. Notamment Marielle qui a une correspondance pour Nice dans la foulée. Je récupère sans grande joie ma grosse valise, fais la queue au guichet pour faire tamponner mon passeport, croise une dernière fois les belges, et me mets en quête de la compagnie aérienne qui pourra me délivrer mon billet. En dépit de toutes considérations de sécurité, je laisse ma valise en gardiennage auprès d’un vieil asiatique qui a l’air de s’éterniser sur un banc. Ça fera toujours ça de moins à me trimballer. Je cherche les départs internationaux (j’y suis passée il y a six mois, mais j’ai déjà tout oublié !), finis par prendre un escalator avant de me rendre compte de mon erreur : pour aller plus loin, il faut que je passe toutes mes affaires aux rayons X. C’est pas que ça me dérange, mais il va falloir que je passe l’épreuve une deuxième fois, quand je serai allée récupérer ma valise. Enfin, si elle est toujours là, bien sur. Tant pis, je passe mes affaires aux rayons X et moi-même au détecteur de métaux (comme ça, pas de jaloux !) et avise une longue rangée de petites cabines aux couleurs des différentes compagnies aériennes. Sauf que je ne sais pas quelle est la mienne. C’est un billet imprimé, au fait (non, parce que je ne suis pas bête à ce point quand même) : ça vient du site Marmara, mais il n’y a pas écrit de compagnie dessus. Je finis par me laisser tenter par une petite cabine et présente mon papier imprimé. La jeune fille m’indique la cabine adjacente. Je fais la queue à la deuxième cabine et tends mon papier. La jeune fille m’indique la cabine voisine. Je recommence le même cinéma, sauf que là il n’y a pas de queue à faire. Le jeune homme est juste au téléphone avec deux personnes différentes (un combiné sur une épaule, l’autre dans sa main gauche et tapage à l’ordi avec sa main droite… chapeau !). Il me fait ainsi poireauter une bonne dizaine de minute. Quand il daigne enfin s’intéresser à moi, je lui tends mon papier, sans dire un mot (j’ai tellement l’habitude de ne jamais me faire comprendre que j’ai pris l’habitude de tendre les choses sans parler…). Il tapote deux ou trois trucs sur l’ordinateur, imprime un billet et me dit dans un français parfait : l’enregistrement se fera à partir de 14h45, rangée C. J’en reste bouche bée. Je m’étais vaguement attendue à un speech en turc auquel je n’aurais rien compris, éventuellement un discours en anglais avec accent à couper au couteau, mais en français !!

Armée de mon billet, je redescends à l’étage en dessous par un autre escalator, récupère ma valise auprès du vieil asiatique. Au moins il n’a pas volé ma valise. Trop fatiguée pour chercher s’il n’aurait pas caché de la drogue ou des explosifs entre mon yack en peluche et ma chemise de nuit bourriquet, je remonte illico. Je repasse tout aux rayons X (avec plus de difficultés, notamment pour hisser la valise sur le tapis roulant) et je m’échoue pitoyablement sur un banc à proximité d’un panneau d’information. Je ne suis pas la seule d’ailleurs. Toute une famille semble attendre sur le banc d’à côté, et quelle n’est pas ma surprise de constater qu’ils sont russes (ou qu’ils le parlent en tout cas). A croire que je suis poursuivie par cette langue ! Je me plonge dans la lecture du seul livre que j’ai ramené (et seul que je n’ai pas lu) : un roman policier. Rapidement lassée, je passe aux mots croisés arrachés dans le 20 minutes que ma mère m’a consciencieusement envoyé au cours de ces 6 derniers mois. Sauf que je dois être vraiment très fatiguée. Ou alors tous ces détecteurs de métaux ont fini par me bousiller les neurones. Toujours est-il que je suis incapable de mettre plus de 4 mots dans la grille (quand même, c’est le 20 minute, c’est pas Metro non plus !) et je passe une bonne heure à faire le sudoku « moyen »… Complètement désabusée, je laisse tomber mes mots croisés et entreprend de rêvasser consciencieusement sur la publicité (turque) affichée en face de moi.

Une demi-heure avant le début de l’enregistrement, je me résouds à lever le camp et à abandonner ma moitié de banc à d’autres voyageurs épuisés et en transit. Je me traîne péniblement jusqu’à l’enregistrement où je constate avec horreur que je ne suis pas la seule à avoir voulu prendre un peu d’avance afin d’éviter de poireauter l’après-midi : la file coupe en deux le vaste espace ménagé entre les deux rangées de guichets d’enregistrement. Trop fatiguée pour être malhonnête, je me mets sagement à la toute fin de la file et commence à observer les autres voyageurs de la file, mais aussi les voyageurs qui déambulent et les agents de sécurité. Au bout d’un moment, lassée de mon observation, je me lance dans un petit exercice destiné à achever mes deux derniers neurones : je calcule mentalement le poids de chaque valise autour de moi que j’additionne au poids de son (ou ses) propriétaire, puis je classe le tout par ordre alphabétique en me demandant au bout de combien de sandwichs le bonhomme assis sur le banc à ma droite va finir par avoir la vessie pleine…

J’en étais à la lettre P et au 4e sandwich du bonhomme assis sur le banc à ma droite quand ce fut à mon tour d’enregistrer mes bagages. Encore une fois, personne ne fit mine de s’intéresser à mon léger surpoids (peut-être était-ce du à mon expression hagarde, mon teint rouge brique et suant, et mes cernes aussi profonds que le trou de la sécu ?) de bagages et on me remit ma carte d’embarquement : place 21A. Ils se sont donnés le mot ou j’ai une tête à occuper les places 21A ?? Toujours est-il que je ramasse en soupirant les affaires qui ne partent pas en soute et, armée de mon nouveau (et dernier !!!) sésame, part en quête de la bonne porte d’embarquement sous les yeux du bonhomme assis sur son banc qui mâchonne d’un air absent son 5e sandwich.

Arrivée à ma dernière escale avant la montée dans l’avion, je m’échoue stratégiquement sur un banc afin d’être dans les premières à entrer dans l’avion. Après mon expérience de ce matin, je compte bien caser tous mes bagages sans exception ainsi que mon manteau dans le compartiment prévu (ou pas, c’est pas mon problème) à cet effet. Je vais donc avoir besoin des trois quart dudit compartiment, et il faut pour cela que j’arrive dans les premiers. Au signal, je rassemble vaillamment mes forces et mon courage, hisse mon sac à dos sur les épaules, et pars comme une flèche en direction de l’avion, renversant une hôtesse au passage mais en veillant bien à lui coincer dans le nez la partie détachable de mon ticket d’embarquement (c’est que je ne voudrais pas d’ennuis, voyez-vous). Je n’ai jamais été bonne en athlétisme, mais je suis certaine d’avoir établi le nouveau record du monde du 40 mètres avec bagages, si tant est que ce record existe. Mes efforts sont couronnés de succès puisque je peux non seulement caser toutes mes affaires dans le compartiment, mais aussi occuper la place près du hublot (qui me revenait de droit, certes).

Après ce brusque effort, je tombe dans une léthargie profonde et salue à peine les deux hommes qui s’installent à côté de moi. Lorsque nous décollons enfin, je sors mon roman pas terminé, et commence à lire. J’en ai pour 3h de vol, largement de quoi le finir si personne ne me dérange… Mes compagnons de vol essaient bien d’engager la conversation, mais voyant que je ne réponds que par monosyllabes, ils abandonnent rapidement et se contentent de réflexions régulières sur ma concentration ou les risques thérapeutiques d’une lecture trop longue. Je consens quand même à m’interrompre pour avaler mon 3e jus de pomme de la journée et ingurgiter mes 5 et 6e repas ou snacks de la journée. J’attaque les dernières pages au moment de l’atterrissage, et termine tranquillement ma lecture pendant que tout le monde se bouscule et se piétine pour sortir. Je descends ensuite tranquillement de l’avion après avoir rassemblé mes nombreuses affaires et me dirige d’un pas lent vers les files de contrôle des papiers. Je tends mon passeport au monsieur confortablement installé derrière sa vitre sans lui dire un mot (par fatigue ou par habitude, je ne saurais le dire) et me dirige avec une mauvaise volonté flagrante vers le tapis roulant croulant des bagages fraîchement débarqués.

De nouveau en charge de ma grosse valise verte, je me dirige d’un pas pesant vers la sortie. Rapidement en sueur par l’effort et ressemblant à un mulet engoncé dans une couche impressionnante de vêtements, je débouche sur la salle d’arrivée. Là, derrière le long ruban rouge, se trouve une petite foule compacte qui brandit des panneaux divers et variés, ou simplement un grand sourire nerveux. Je cherche vaguement ma moman, mais je ne la vois pas. Par contre, je remarque assez vite une silhouette solitaire (‘I’m a lonesome cowboyyyyyyyyy !) qui m’est vaguement familière. Didier, lui, est là. Bien à l’heure, et toujours galant, il se charge de mon énorme valise verte. Nous sortons rapidement de l’aéroport, montons dans la vieille Renault datant 1867 mais qui marche toujours, et nous mettons en route pour l’appartement. Submergée par le nombre impressionnant de voitures, de lumières (quoique, ce ne sont pas les mêmes lumières qu’à Dushanbe : exit les drapeaux tadjiks clignotants et les traineaux de père noël…), je mets du temps à me réhabituer aux aspects les plus quotidiens de la vie parisienne : les bouchons. Et bien que je sois crevée, que j’étouffe sous mes épaisseurs et que je trépigne d’impatience de me prosterner devant la première machine à laver qui croisera ma route, je suis obligée d’entrer dans une sorte de léthargie profonde pendant une heure entière, sauf quand Didier me confie qu’il ne sait pas si finalement il aura assez d’essence pour rentrer puisqu’il n’avait pas prévu les bouchons… Petite montée d’adrénaline qui parvient à me maintenir en vie jusqu’à l’arrivée. Dernière épreuve : la montée des quatre étages. Je laisse ma grosse valise à Didier et je monte sac à dos et ma grosse tenture. Enfin, je m’écroule dans le vestibule, pantelante. Me débarrasse de trois kilos de pulls et de chaussures, reprends à peine mon souffle et court dans la cuisine ou je tombe à genoux et en adoration devant la vieille machine à laver antique dont la peinture s’écaille. Je remercie le bon dieu de m’avoir permis de connaître ce moment d’intense bonheur et je tombe raide morte.

Ainsi s’achève ce périple de six mois au Tadjikistan.

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