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Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
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7 mai 2007

Guides de survie : Les transports

Le Tadjikistan est un petit pays (143 000 km², soit un poil plus grand que la Grèce ou la Corée du Nord) recouvert à 93% de montagnes (et pas des minuscules… le plus grand pic culmine à plus de 7000 m.). Pourtant, ce n’est pas un pays dont on peut faire le tour en 4 ou 5 jours. Non, il vous faudra des semaines, voire des mois si vous n’êtes pas bien équipés, si vous êtes particulièrement malchanceux, ou même si vous décidez de le visiter en hiver. La nature des routes et des transports y est pour quelque chose. Je vous propose donc un petit topo, loin d’être exhaustif, sur les principaux modes de transports et les types de routes que vous serez amenés à rencontrer lorsque, après avoir lu ce documents et les autres, vous n’aurez plus qu’une envie : partir à la découverte du Tadjikistan.

Le document se décompose comme suit :

  1. L'état des routes
  2. Les avions
  3. Les trains
  4. Les bus/trams
  5. Les marshrutka (ou mini-bus)
  6. Les taxis
  7. Les voitures
  8. Les piétons
  1. L'état des routes

  • La Rudaki

Le premier mot à connaître quand on arrive à Dushanbe, c’est « Rudaki ». Rudaki, c’est le nom de la grande rue de Dushanbe, la seule et l’unique. C’est une très longue avenue, très large (deux fois deux voies + une voie réservée aux bus et trams de chaque côté), dotée d’immenses trottoirs (l’équivalent d’une route à double sens normale à Belin-Béliet), qui va toujours tout droit. Bref, ce sont les Champs-Élysées du coin. C’est le long de cette avenue qu’on trouvera la plus grande concentration de policiers du Tadjikistan, le palais présidentiel, la statue Somoni (un grand monument doré), l’Opéra-ballet, les répétitions des divers défilés militaires, plein de taxis, son appartement, des restaurants, etc. L’avantage de la Rudaki, c’est que tout le monde sait où c’est. L’inconvénient, c’est que du coup, quand on te dit « c’est facile, c’est sur la Rudaki », ça ne t’avance pas beaucoup. Alors il faut toujours préciser la Rudaki vers où (vers Rohat, après le palais présidentiel, vers l’Opéra, vers l’Agriculture Institute, près de Somoni ou de Lenin Park, etc…) si vous voulez avoir une chance d’arriver à bon port. La Rudaki, donc, est une artère vitale de la ville. Mais elle est bien plus que ça. Après avoir vécu 6 mois dans un appartement donnant sur cette fameuse Rudaki, je me suis rendue compte qu’elle était le symbole même de Dushanbe, la vitrine du pays entier. C’est en effet la route que prend le président Rakhmonov (réélu pour 7 ans en novembre 2006) pour se rendre de son palais présidentiel à l’une de ses nombreuses datchas, à l’aéroport ou, dans le futur, à son nouveau palais présidentiel en construction un peu derrière le parc Lénine. C’est la route que verront tous les visiteurs prestigieux tels que les présidents iraniens et afghans, mais aussi Poutine ou d’autres lorsqu’ils se rendront de l’aéroport au palais présidentiel ou à l’une des nombreuses datchas de Rakhmonov. Il est donc normal que cette route soit la plus belle, neuve et moderne possible, car c’est peut-être la seule chose que toutes ces éminentes personnalités verront du pays.  

Alors on bichonne notre Rudaki. Alors que c’était déjà, et de loin, la plus belle route de toute la ville, les autorités ont décidé de la re-goudronner entièrement au cours du mois de juillet (tout ça parce que messieurs Ahmadinedjad et Karzai venaient nous faire une petite visite pour discuter de comment développer les liens entre les pays aux langues persanes). Mais ce n’était pas encore suffisant. Il fallait aussi refaire les bas-côtés de la Rudaki. Les petits murets de pierre n’étaient pas assez beaux : mettons du marbre, ça fait plus classe. Et puis tant qu’à avoir une belle route, autant la mettre en valeur avec une débauche d’éclairage public coloré. Et vas-y que je te mets des sapins de noëls lumineux aux lampadaires, des drapeaux tadjiks luminescents et plein de banderoles types fêtes de nouvel an chez nous. Sauf qu’ici c’est toute l’année.

Cette petite débauche de couleurs ne serait pas si grave en soi si toutes les autres routes de la ville (je ne parle même pas du pays) étaient à peu près au même niveau. Or, ce n’est pas le cas. Et surtout, le Tadjikistan ne correspond pas tout à fait aux critères de richesses des pétromonarchies qui ne savent plus quoi faire de leurs dollars. Oui, c’est sur, il y a les revenus issus du transit de drogue depuis l’Afghanistan, mais de toute évidence, ils ne sont pas réinvestis dans l’entretien des infrastructures du pays.

  • Les autres routes de la capitale

Vous l’aurez compris : aucune autre rue/route/avenue de Dushanbe ne peut rivaliser avec la Rudaki. Mais ça ne veut pas forcément dire qu’elles doivent être obligatoirement pourries. Et bien, si. Dans le centre de la ville et un peu autour, les routes restent de type soviétique : très larges et très droites. Sauf qu’on dirait qu’il n’y a eu aucun investissement dans l’infrastructure publique depuis l’implosion de l’URSS (et ça ne fait que 15 ans… imaginez dans 15 autres années !). Du coup, nos larges et droites avenues sont truffées d’ornières, de nids de poules, de crevasses par endroit, de bosses, bref de tout ce qu’il est possible d’imaginer pour transformer un banal trajet en voiture en rallye de 4x4.

Au vu du trafic peu important dans la majeure partie de la ville, on peut se poser la question de l’utilité de routes de telles dimensions (peut-être que si leurs routes étaient moins larges, ils seraient plus incités à les entretenir régulièrement ?). Mon expérience, très limitée en la matière puisque j’ai plus souvent marché que pris la voiture m’a appris deux choses :

- Ce genre de route est très utile par temps très humide (cf. guide sur l’eau, partie 7)

- Bien que ce ne soit écrit nulle part, les voies extérieures servent principalement d’arrêt minute, de bande d’arrêt d’urgence, de trottoir, de zone de déchargement, voire même de parking. Vouloir y circuler à tout prix est tout bonnement suicidaire/meurtrier.

Dès que l’on s’éloigne un peu plus, ou que l’on entre dans certains quartiers d’habitations, les dimensions et la qualité des routes/rues chutent rapidement. Dans certains endroits, ce n’est même plus une bande d’asphalte avec quelques ornières, c’est un chemin de terre/caillasse parsemée de quelques vieux restes de bitume. Exemple type : l’ancien Bactria. Situé assez centralement, mais pourtant on n’avait l’impression de s’enfoncer dans un coupe gorge mal éclairé, et il n’y avait que les petits panneaux « Bactria » disséminés ça et là pour nous confirmer que nous étions bien dans la direction du centre culturel en grande partie français.

 

  • A l'extérieur de Dushanbe

En dehors de Dushanbe, c’est simple, il n’existe qu’une seule belle route : celle qui mène à Kuliab. Pourquoi juste celle-là ? Tout simplement parce que ce cher président est originaire de Kuliab (ou de Dangara, qui est une ville juste à côté). Aussi, c’est une ville située dans le sud du pays, donc dans un endroit sans trop de montagnes (et ça facilite la construction de belles routes). En l’occurrence, une belle route signifie qu’on peut rouler aux alentours de 80 km/h sans risquer l’hernie discale, ce qui n’est évidemment pas le cas pour les autres routes tadjikes.

En dehors de la route de Kuliab, les autres routes peuvent prendre diverses formes notamment des routes goudronnées en pointillés. C'est-à-dire que tous les 200 mètres de bitume il y a 200 mètres sans bitume. Je ne sais pas du tout si c’est fait exprès pour économiser le bitume qu’on ne verse sans compter que sur la Rudaki, ou si c’est un dispositif anti-endormissement particulièrement original. En même temps, quand on voit la largeur des routes de montagnes, les grands précipices qu’il y a un peu partout, l’absence de barrière de sécurité et le niveau de conduite des tadjiks, je ne pense pas que quiconque ait envie de s’endormir en route.

Les autres formes de routes sont : les routes à demi éboulées, les routes coupées par des ruisseaux/torrents (selon la saison), les routes fermées pendant toute la saison froide en raison de la neige et du passage des cols jugé trop dangereux. Pour faire simple, renoncez à rallier Murghab ( 3600 m. d'altitude je crois) en hiver, c’est quasi impossible, sauf à dos de yack. Pareil, jusqu’à l’hiver prochain (et encore c’est pas sur), la route menant de Dushanbe à Khujand (la 2e plus grande ville du pays, située tout au nord, dans la pointe biscornue du Tadj) était fermée environ 6 mois sur 12 en raison des conditions climatiques qui rendaient les passage des cols trop périlleux. A partir de l’hiver prochain (normalement), on devrait pouvoir rallier Khujand même en hiver, et cela sans passer par l’Ouzbékistan, tout simplement parce qu’un tunnel a été percé dans la montagne. Pourquoi « normalement » ? Parce que ce tunnel n’est pas encore mis en circulation en raison des infiltrations d’eau qui ont tendance à inonder le fameux tunnel en été. Reste plus qu’à trouver comment résoudre ce problème et on pourra bientôt se rendre à Khujand sans faire des cauchemars pendant les 3 semaines suivantes.

Enfin, dernière chose à noter sur les routes au Tadjikistan. En été et au début de l’automne, les routes servent de lavoir géant pour les grands tapis. Notamment sur la portion de route qui va de Dushanbe à Kuliab, toute bitumée et à peu près lisse, on voit nombre de femmes en train de laver leurs tapis sur la route. Comme nous ne sommes plus à Dushanbe, les routes ont retrouvé une largeur normale, du coup quand une femme décide de laver son ou ses tapis, elle occupe allègrement tout un côté de la route. Elle étend son tapis bien comme il faut et reste à quatre pattes dessus aussi longtemps que nécessaire pour le brosser comme il se doit. Bien sur, ces femmes ne sont pas tout à fait inconscientes, elles ne mettent pas leur tapis sur la route à la sortie d’un virage, mais sur les grandes lignes droites, afin que les voitures les voient de loin. N’empêche, que faire si le chauffeur a un instant de distraction et roule un peu trop vite ? Il n’y a pas de statistiques sur le sujet, mais je serais curieuse de savoir combien de femmes se sont ainsi faites écraser...

2. Les avions

 

  • Les Tupolev

NB : Le descriptif qui suit est directement inspiré de mon unique expérience dans un Tupolev, je ne prétends donc pas détenir l’unique vérité en la matière. Que les adorateurs de Tupolev ne me brûlent pas en place publique pour ce que je vais écrire.

Comparé aux autres avions (genre les petits avec des hélices), le Tupolev nous semble plus rassurant, plus sûr, plus confortable, plus moderne, plus « européen ». A première vue seulement. En effet, si le Tupolev semble un peu rouillé de l’extérieur, il n’en conserve pas moins une fière allure qui sera aussitôt démentie quand vous aurez mis les pieds à l’intérieur.

Les sièges ont une sorte d’odeur de vieux/poussière/transpiration… bref, rien qui donne envie d’y passer plus de temps que nécessaire. Ils sont par contre dernier cri : ultra modulables. Le dossier se rabat complètement (du coup si par mégarde vous vous appuyez sur le dossier du passager situé devant vous, il y’a de forte chance de l’assommer à moitié ou au moins de lui couper la respiration), le siège a tendance à remonter (un peu comme au cinéma), et le tout n’est pas forcément impeccablement fixé au sol.

D’ailleurs, parlons du sol : c’est du matériel soviétique, et ça se voit : aucun confort. Même pas de moquette. La compagnie aérienne a quand même, dans un souci de confort des passagers, rajouté des sortes de vieux tapis élimés au sol, mais qui sont simplement posé, donc qui ont tendance a glisser un peu tout le temps. Non seulement ça fait des plis disgracieux un peu partout, mais après 2h30 de vol, on a une sorte de boule inconfortable sous les semelles. Sans compter que c’est dangereux quand le bout de tapis glisse sous le pied au moment où on se lève.

Et pour terminer, au cas ou on aurait encore eu un doute sur l’anti-américanisme avéré de ces appareils, l’espace est configuré de façon à exclure automatiquement tout passager américain. L’espace entre chaque rangée de siège est calculée au minimum. Même moi, qui ne suis pourtant pas bien grande et pas bien grosse (sisi, je maintiens !), j’ai les genoux qui cognent douloureusement sur le siège de devant et je dois les mettre un peu de biais pour être un petit peu plus à l’aise. Pareil, quand il faut baisser la tablette (parce qu’on nous nourrit quand même), il y’a trois cas possibles :
    -
le type anorexique/très mince (pas mon cas…) : ça passe sans problème, la tablette s’arrête à la distance idéale pour manger sans rien renverser sur ses genoux.
   -
le type normal : il faut rentrer un peu le ventre, et surtout se tenir bien droit, si on veut pouvoir déplier la tablette jusqu’au bout.
    -
le type un peu bedonnant : là, y’a pas le choix, il va falloir poser la tablette sur le ventre et espérer que le tout reste en position horizontale plus ou moins stable.

A part ça, l’appareil est plutôt bruyant, il fait notamment un drôle de bruit au décollage (genre bruit très aigu d’un moteur qui s’emballe ou qui souffre…) et c’est là que je comprends le traumatisme ressenti par tout passager européen qui prend pour la première fois l’avion pour Dushanbe à bord d’un Tupolev de la Tajikistan Airlines et qui se dit que l’appareil est à l’image de ce qu’il va vivre pendant plusieurs mois…

A rajouter les expériences relatées par Raffa : le toit du Tupolev qui se décroche à moitié lors d’un passage de turbulences, et un réacteur à problème.

  • Les autres

Il y’a les appareils qui vont à Khorog et qui sont plus petits que les Tupolev : ce sont des Antonov ou des Yak. Leur particularité (outre leurs hélices qui font très « retour dans le temps ») : ils ne partent que lorsque la météo le permet (c’est-à-dire très souvent en été, beaucoup moins souvent à partir d’octobre) car la navigation se fait à vue, et aussi lorsque l’avion est suffisamment rempli. Autant dire qu’il vaut mieux ne pas prévoir de date fixe pour votre départ. Ceux qui ont fait le « grand voyage » sont unanimes : il vaut mieux avoir un siège près de la fenêtre (pour la vue, magnifique), faire confiance au pilote et avoir des boules quies (parce que ce sont aussi des appareils très bruyants).

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les avions pouvaient fréquemment être en surcharge (c'est-à-dire plus de passagers que de sièges). Il semble que ce ne soit plus trop le cas. Peut-être du à l’unique crash aérien entre Khorog et Dushanbe, officiellement abattu par des afghans, officieusement en surcharge ? Toujours est-il que c’est le moyen le plus « sur » de se rendre à Khorog sans devenir fou. Même si cela ne veut pas dire que c’est de la rigolade. En effet, comme précédemment mentionné, les avions ne volent que lorsque les conditions le permettent. Et il se peut tout à fait que les conditions se dégradent pendant que vous êtes en train de visiter les environs de Khorog. Du coup, les appareils restent cloués au sol autant de temps qu’il le faut, et vous êtes coincés autant de temps qu’il faut pour vous décider à tenter le voyage du retour en taxi/marshrutka. Le pompon est revenu à Nigina et Aziza (de l’OIM), il y a trois ans : elles sont restées coincées à Khorog pendant 3 semaines en raison des mauvaises conditions météo. Plus d’avion, et plus de voitures non plus car l’unique route qui relie Khorog à Dushanbe était coupée.

  • Les compagnies aériennes : la Tajikistan Airlines

Le Tadjikistan, comme tout pays souverain ou presque, possède sa compagnie aérienne nationale : la Tajikistan Airlines, ou la Tragic Air pour les intimes. Quand vous cherchez comment vous rendre dans un pays que vous situez sur une carte depuis 5 minutes seulement (avouez ! Vous non plus vous ne saviez pas où était le Tadjikistan !), la première chose qui vous vient à l’esprit, c’est la compagnie nationale. Enfin, surtout quand vous venez d’aller voir sur le site du Ministère des Affaires étrangères et que la seule alternative indiquée à la rubrique « Aller au Tadjikistan » c’est Aéroflot une compagnie russe qui a de nombreux crash à son actif… Donc vous vous mettez en quête d’un billet d’avion de la Tragic Air.

Soyons réalistes, cette compagnie n’est pas franchement horrible, elle est juste à l’image du pays et de sa malorganisation (c’est pas tout à fait comme la désorganisation). Par exemple, ils sont modernes. Enfin ils essaient. Ils ont un site web avec une version anglaise. Mais le site web n’est remis à jour que tous les 4 ans environs. Entre temps, tout a changé. Et si tout n’a pas encore changé, tout aura changé entre le moment où vous avez envoyé votre e-mail de réservation de billet (vous croyiez que site web = système fonctionnel de réservation en ligne ?? Ce que vous êtes naïfs alors !) et le moment où vous appellerez n’importe quel numéro dans n’importe quel pays pour savoir pourquoi vous n’avez toujours pas reçu d’e-mail de confirmation ou un quelconque signe de vie…

Et quand il y a du changement, ce n’est pas un changement d’heure de départ, ou un changement de prix. C’est un vrai changement : on change le jour du départ (parce qu’il n’y a qu’un vol par semaine depuis l’Europe), on change l’heure bien sur, on change le nombre d’escales, et surtout on ne vous dit rien quand vous parvenez à joindre n’importe quel numéro dans n’importe quel pays. Non, on préfère vous laisser faire un infarctus tranquillement chez vous le matin où vous découvrez l’e-mail qui change tout, intercalé entre une pub pour le crédit en ligne et un rappel qu’il ne vous reste plus que 3 jours pour profiter de cette super offre bidule…

Donc après un coup comme ça, vous remuez ciel et terre pour trouver une nouvelle compagnie aérienne, même Aéroflot avec ses nombreux crash, bref tout pour ne pas y aller avec la Tadjikistan Airlines. Vous finissez par tomber sur la Turkish Airlines qui vous fait une bien meilleure impression et vous oubliez presque la Tadjik Air. Enfin, jusqu’à ce que votre collègue de bureau, le seul autre stagiaire de l’organisation, ne vous raconte comment il a du faire l’aller-retour Norvège-Tadjikistan avec cette fameuse Tadjik Air. Et notamment comment l’avion a décollé avec une heure de retard simplement parce que certaines personnes avaient un billet, mais pas de place. Et comme, bien sur, personne ne s’assoit jamais aux places indiquées sur les billets, ça a pris un temps fou pour remettre tout le monde à la bonne place (sur le modèle : je prends le billet d’un « sans place » je l’amène à sa place, fais lever celui qui y était déjà assis, regarde son billet et l’emmène à sa place, fait lever celui qui y était déjà assis, etc). Sauf qu’à la fin il restait toujours des passagers sans place… qu’on a fini par mettre en business class pour pouvoir enfin décoller. J’avoue que j’ai bien rigolé ce jour-là, 1) parce que ça ne me concernait pas, 2) parce que j’ai toujours conservé une sorte de rancœur à l’égard de la Tajikistan Airlines et que cette histoire confirmait mes a priori sur la compagnie.

Mais, ainsi que je l’ai découvert par la suite à mes dépens, voyager avec la Turkish Airlines n’est pas non plus exempt de surprises. Par exemple, quand à partir du 3 décembre, ils décident de passer à deux vols par semaine depuis Istanbul (tiens ? y’aurait-il de la demande ?) et du coup changent leur vol retour du vendredi matin au jeudi matin. Et bien sur, vous aviez originellement décidé de partir le vendredi 15 décembre…

Moralité : dès que vous voyagez vers le Tadjikistan, depuis le Tadjikistan, par le Tadjikistan, à l’intérieur du Tadjikistan ou à proximité du Tadjikistan, ayez toujours à l’esprit que rien n’est acquis et que tant que l’avion n’a pas décollé vous n’êtes pas sûrs de partir. Toute confirmation par e-mail, par téléphone, tout billet imprimé ou pas, toute information ne garantissent rien.

3- Le train

J’avoue n’avoir jamais testé. Mais il n’y a pas beaucoup de trains (beaucoup, beaucoup trop de montagnes infranchissables au sein du pays), et lorsqu’il y en a (pour aller en Russie par exemple), ils passent par un nombre incalculable de pays (genre plusieurs fois en Ouzbékistan), ce qui occasionne beaucoup d’arrêts, de contrôles, d’extorsion d’argent au passage (tant qu’à faire). 

4- Les bus/trams

Les bus à Dushanbe sont vieux, lents et pleins à craquer quelque soit l’heure (ou presque) de la journée. Ma première expérience dans ces fameux bus remonte au 9 septembre (oui, j’ai mis du temps à me lancer). C’est 40 dirams le trajet, et après, c’est toute une technique pour monter à l’intérieur. Le seul avantage, c’est qu’on a pas besoin de chercher un endroit ou se tenir. Grâce à la concentration humaine, on ne peut pas tomber. Les inconvénients, outre les odeurs et la promiscuité, ce sont les pickpockets. On est tellement serré que c’est vraiment pas difficile de se faire voler. Et d’ailleurs, tout le monde le dit. Dès qu’on prononce le mot « bus », y’a quelqu’un qui dira : « fais attention aux pickpockets ». Alors je fais bien attention à mon sac. Et jusque là on ne m’a encore rien volé.

Sinon, bien que le Tadjikistan soit sujet aux coupures de courant, il y a quand même des trams. Certes, ils n’ont pas la classe du tram bordelais avec son alimentation par le sol, son design soigné et son fonctionnement relativement silencieux. Les trams d’ici ressemblent aux bus, sauf qu’ils ont deux antennes sur la tête. Ce qui, d’ailleurs ne les empêche pas de se doubler mutuellement. Sisi, c’est possible. Ça requiert juste un bon timing, un monsieur qui court vite et bien, et un peu d’adresse. Voici la marche à suivre : tout d’abord, le tram déboîte pour commencer à doubler. Au moment où les tiges du 2e tram menacent d’entrer en contact avec celles du premier, un gars qui court derrière le tram doubleur, tire de toutes ses forces sur des ficelles reliées aux tiges du tram, afin de « déconnecter » ces tiges des fils électriques. Avec l’élan, le tram continue sur sa lancée, et quand il a fini de doubler et qu’il se rabat, le gars qui court toujours derrière le tram relâche les ficelles pour raccorder le tram aux fils électriques. Bon, c’est compliqué à expliquer, mais c’est marrant à voir (surtout les arcs électriques).

Différence majeure entre les bus et les trams : le prix. 30 dirams pour le tram (0,07€) et 40 pour le bus. Pourtant, de manière générale les trams sont légèrement moins pleins que les bus. Je n’ai toujours pas compris pourquoi, puisque les deux moyens de transport sont très lents. Bon, j’ai quand même mis plusieurs mois à comprendre pourquoi il y’avait deux tarifs, et même que c’était lié à la « nature » du transport. J’ai émis tout un tas d’hypothèse pouvant expliquer la différence : j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un prix spécial dimanche, jusqu’à ce que je prenne un bus le dimanche et que le monsieur me réclame 40 quand même. J’ai ensuite cru qu’il s’agissait d’un prix spécial « avant 9h », mais une âme charitable a fini par m’expliquer la « règle ». Et j’ai d’ailleurs eu l’occasion de constater que les contrôleurs (enfin ceux qui sont chargés de récupérer la monnaie) sont assez souvent honnêtes car ils me rendaient la monnaie même quand j’avais pas encore compris qu’il y avait deux tarifs et que je leur donnais mes 40 dirams et je partais m’installer à l’autre bout du bus parce que je venais d’apercevoir une demi place assise.

5- Les marshrutkas (ou les mini-bus)

Nécessitent une dizaine d’heures d’expérience, rien que pour prononcer leur nom correctement. Sinon, ce sont des mini-bus de 9 à 12 places assises, en théorie. En pratique, entre 15 et 20 personnes peuvent s’y entasser. Ça varie en fonction du gabarit des personnes et du nombre de place assise à l’origine. Les marshrutka sont très rarement en bon état. C’est bien simple, j’en ai pas encore vue une neuve. Elles n’ont pas le droit de circuler sur la Rudaki. Du coup, tout véhicule qui ressemble un tant soit peu à une marshrutka se fera arrêter sur la Rudaki et paiera une amende, même si le véhicule en question ne remplissait pas les fonctions d’une marshrutka mais transportait seulement un groupe de personnes d’un point A à un point B.

Leur avantage, outre leur prix (40 dirams), c’est qu’elles s’arrêtent n’importe où sur un trajet pré-défini. Pas besoin de courir à un arrêt pour monter dedans. Il suffit d’en héler une au passage et, si elle n’est pas tout à fait pleine c'est-à-dire si il n’y a que 15 ou 16 personnes, elle s’arrêtera.

Contrairement aux bus, les marshrutka vont également en dehors de Dushanbe. Ça fait des voyages de groupes pas cher certes, mais pas très confortables non plus. Accessoirement c’est un moyen relativement certain d’avoir des frissons, des bouffées d’angoisse, des montées d’adrénalines et plein d’aventures. Un trajet pour Khorog (550 km), qui se fait en 15h minimum avec une bonne voiture et un chauffeur dopé aux amphétamines, se fera en 18h (le plus rapide) si vous êtes super chanceux, ou en 20, 30 voire 40 heures (il n’y a pas de plafond maximum). Aurélien (acted) a des souvenirs impérissables de ce trajet. Après avoir dû guider la marshrutka en haut d’un col car le chauffeur n’y voyait plus rien en raison du brouillard ambiant (super rassurant pour les passagers à l’intérieur), la marshrutka est tombée plusieurs fois en panne. Réparée à chaque fois avec les moyens du bord (le mode de réparation le plus courant dans ce pays), elle est vaillamment repartie vers Dushanbe mais s’est quand même octroyée un petit moment en « free style » quand, au lieu de prendre le pont qui menait de l’autre côté de la rivière (pas très remplie, fin de l’été oblige), le chauffeur a décidé de prendre un « raccourci » par la rivière, le tout de nuit. On pense que la raison probable pour une telle excentricité était la volonté d’éviter les contrôles de police de l’autre côté du pont. En effet, même si les policiers sont suffisamment chiants pour créer des infraction là ou il n’y en a pas, il se peut aussi fortement que la marshrutka n’ait jamais passé de contrôle technique, soit largement surchargée et que le chauffeur n’ait pas son permis.

6- Les taxis

Pas de problème pour trouver un taxi à Dushanbe, tant que vous êtes sur la Rudaki ou pas loin d’un lieu important comme la gare, les boites de nuit, certains resto « branchés », etc…

Quelques recommandations de base : toujours « choisir » son taxi (et ne pas se laisser choisir par le taxi !), et de préférence éviter les très très vieilles lada qui semblent ne tenir qu’à un boulon. Non seulement c’est moins confortable que les autres taxis, mais surtout le prix de la course sera souvent plus cher, en raison de la consommation d’essence dont vous pouvez sentir les effluves pendant tout votre trajet et qui deviennent fortement incommodantes dès que celui-ci dure plus de 10 minutes...

Bien sur, il faut toujours s’arranger sur le prix de la course avant de monter dans le taxi. Si vous avez une tête d’étrangère, bien sur qu’il augmentera sensiblement le prix. A vous de vous montrer convaincante avec votre vocabulaire très riche en russe (skolka = combien ça coute en version abrégée ; da = oui ; niet = non ; marshrutka = marshrutka (pour pouvoir menacer le taxi de prendre une marshrutka si jamais il baisse pas son prix) ; et les chiffres jusqu’à 5) mais surtout votre langage des signes ultradéveloppé (ou qui ne tardera pas à l’être).

Autre étape très importante : le contrôle de l’état d’ébriété du chauffeur de taxi, surtout tard le soir (notamment pendant la Coupe du Monde quand les derniers matchs commençaient à minuit ici) et tôt le matin. Pour plus de sécurité on procèdera à un contrôle à vue d’œil, de nez et d’oreille. Le contrôle auditif qui consiste à vérifier que ledit chauffeur est capable d’aligner deux phrases cohérentes en russe n’est valable que si vous-mêmes êtes capables de comprendre ce que sont deux phrases cohérentes en russe.

De manière générale, il vaut mieux connaître à l’avance l’endroit où on doit se rendre. En effet, les chauffeurs connaissent rarement le nom des rues (vous aussi, ça tombe bien, sauf que c’est pas votre métier de conduire les gens paumés à un endroit quelconque de la ville) en dehors de la Rudaki. Et quand ils connaissent le nom de certaines rues, vous pouvez être certain(e) qu’il s’agit de l’ancien nom soviétique qui a disparu depuis une bonne dizaine d’année déjà. Non, le mieux à faire quand vous prenez un taxi, c’est de donner des indications générales (dans la limite de vos compétences linguistiques bien sur), et de préférence par rapport à des endroits connus. Par exemple, ne pas demander à aller à Bactria, les taxis ne connaissent pas. Ne pas donner le nom de la rue de Bactria, ils ne la connaissent pas non plus. Dites plutôt « derrière le Zelioni Bazar », et si vous ne savez pas comment on dit « derrière » dites juste « Zelioni Bazar » et essayez de le guider à vue une fois que vous n’êtes pas loin. Si vous ne savez pas non plus où se trouve ce fameux centre Bactria car il vient juste de déménager, laissez tomber le taxi et prévoyez deux heures pour explorer vous-même les environs et (peut-être) tomber par hasard sur l’endroit recherché.

Enfin, dernière chose importante : les taxis n’aiment pas du tout qu’on les paye en pièces de monnaie (même juste une partie de la course). Pourtant les pièces sont en circulation de manière tout à fait normale, et s’ils croient que c’est par plaisir que je leur donne mes pièces difficilement récupérées (cf « au supermarché ») alors que j’en ai besoin pour prendre le bus…

7- Les voitures

Il y a des voitures à Dushanbe, oui. Pas énormément certes, ou alors pas suffisamment par rapport à la capacité d’absorption des routes, en tout cas pas assez pour créer des embouteillages le matin ou le soir. Il y’a deux catégories de véhicules : les gros 4x4 presque toujours blancs, et presque toujours flanqués d’un logo de telle ou telle organisation, et les autres véhicules. Parmi les autres véhicules, il y a le haut de gamme (pas beaucoup, certes) constitué d’Audi ou de Mercedes presque neuves, et il y a les autres presque exclusivement constituées d’antiques lada en plus ou moins bon état. Quand les voitures ne sont pas de marque russe (lada), elles sont la plupart du temps allemandes ou coréennes.

Les voitures à Dushanbe même super vieilles, sont agréables à regarder parce qu’elles sont toujours propres. Même en été quand il y a de la poussière partout, les voitures étincellent. Non, Harry Potter n’a pas élu domicile dans le coin et jeté un sort repousse-poussière à toutes les voitures de la ville. Il s’agit juste d’une règle : les voitures n’ont pas le droit d’être sales à Dushanbe (en dehors, on s’en fout) sinon amende. Et quand on sait le nombre de policiers et leur zèle à arrêter tout véhicule, on préfère nettoyer sa voiture tous les matins. En plus, ça permet de gaspiller encore plus d’eau (une des activités favorites des tadjiks semble-t-il) et ça donne du travail à une armée de gamins qui voit ainsi un moyen de gagner de l’argent plutôt que de perdre son temps à l’école pour finir quand même laveur de voitures plus tard (<- ceci n’est pas mon opinion, juste leur logique).

La seule exception à cette règle de propreté, ce sont ce qu’on appelle les plaques rouges, c'est-à-dire les plaques diplomatiques. Tout véhicule doté de plaques rouges peut faire virtuellement tout ce qu’il veut, il y a très peu de chance qu’un policier ne l’arrête.

Concernant les règles de circulations, il serait erroné de dire qu’il n’y en a pas. Il y en a, sauf que tout le monde ne les connaît pas et pas grand monde les respecte. Déjà, les permis de conduire sont achetés le plus souvent. Ça va plus vite que de prendre des leçons pour, au final, devoir quand même payer un petit quelque chose à l’examinateur le jour de l’examen…

Déjà, le premier impératif de tout conducteur, c’est d’apprendre à slalomer (entre les voitures ou entre les piétons, c’est pareil) et surtout à être réactif. En effet, les voitures de devant ne regardent pas souvent dans leur rétro avant de freiner, ne mettent pas leurs clignotants avant de tourner, et s’arrêtent brusquement sur le bord de la route sans prévenir et sans mettre de clignotants.

Les voitures grillent facilement les feux rouges, mais ce n’est pas systématique. Ils s’arrêtent quand même quand il le faut vraiment, c’est-à-dire quand une voiture arrivant du feu vert klaxone de manière répétée pour prévenir qu’elle ne compte pas s’arrêter. Là, il faut bien que quelqu’un cède.

Enfin, pour doubler, que ce soit par la droite ou par la gauche ne change pas grand-chose : ça dépendra de quel côté il y a plus de place pour passer.

8- Les piétons

Le mode de transport que je connais le mieux pour avoir marché de très très nombreux kilomètres pour me rendre au travail, aux randonnées, au resto, chez les gens, ou tout simplement pour me balader. J’ai testé la marche par tous les temps, de jour comme de nuit, sous la neige ou en plein cagnard.

Règle numéro 1 : avoir confiance. Si vous êtes croyant (en n’importe quel dieu), cela vous aidera. Sinon, n’hésitez pas à vous créer un dieu des routes soviétiques, ou un dieu des piétons de Dushanbe, ça pourrait vous être utile.

Règle numéro 2 : Apprendre à traverser ligne après ligne. Ne pas chercher à se presser et surtout ne pas attendre que toute la route soit suffisamment dégagée pour traverser d’une traite. Vous risqueriez d’y passer la journée et de vous faire écraser quand même par une voiture qui aura fait une embardée pour éviter un autre piéton qui aura décidé de traverser sans attendre, lui (toujours cette aptitude au slalom du conducteur tadjik).

Quand vous êtes au milieu de la route en train d’attendre que la voie suivante se dégage, répétez vous constamment que la voiture qui est actuellement en train de vous foncer dessus vous a vu, et qu’elle vous contournera le moment venu.

Règle numéro 3 : Ne pas chercher les petits bonhommes verts : il y’en a pas, et quand il y’en a, ils ne marchent pas. Quand ils marchent (pour le moment j’en ai vu 3 qui répondaient à ce cas de figure), ils passent au rouge à l’instant où le feu des voitures devient vert. Comme bien sur ils ne clignotent pas avant de passer au rouge, on a l’air bien con au premier tiers de la route quand toutes les voitures redémarrent et vous klaxonnent… Idem, ne sert pas à grand-chose quand vous commencez à traverser, pensant que vous êtes dans votre bon droit puisque votre bonhomme est vert, et qu’une voiture aura décidé de griller le feu rouge et vous klaxonnera pour que vous dégagiez de la route car il ne veut pas (ou ne peut pas) ralentir. Donc, oubliez les bonhommes et continuez selon la bonne vieille méthode du traversage ligne après ligne, quelque soit la couleur des feux.

Règle numéro 4 : Pour les passages piétons, il n’y a pas de règle fixe. Parfois, des voitures arrivant à 80km/h vont ralentir jusqu’à s’arrêter pour vous laisser passer alors que vous restiez prudemment sur le trottoir en attendant le moment propice pour traverser. Parfois ces mêmes voitures ne ralentiront absolument pas et vous aurez bien fait de rester sagement sur le trottoir à attendre le moment propice pour traverser. Lorsqu’il y a, par chance, un policier à proximité d’un passage pour piétons, les probabilités pour que les voitures s’arrêtent et vous laissent passer augmentent, mais pas jusqu’à 100%, donc il vaut toujours mieux rester prudemment sur le trottoir en attendant de pouvoir traverser en toute sécurité.

Règle numéro 5 : apprendre à nager, pour quand il pleut (cf guide sur l’eau).

Règle numéro 6 : Apprendre à y voir la nuit. Oui, les trottoirs sont souvent mal ou pas éclairés (sauf sur la Rudaki, mais il vous arrive parfois d’aller ailleurs que sur la Rudaki) car les autorités n’auront pas jugé nécessaire de mettre quelques lampadaires le long du trottoir. Quand l’éclairage public a été prévu, il n’y a pas forcément d’électricité, donc ça revient au cas numéro 1. Les trottoirs étant tout sauf lisses, il est suicidaire de vouloir se promener la nuit. Quand, malgré tout, vous voulez (ou devez) passer dans une rue sombre la nuit, toujours faire attention aux « caniveaux » (= précipice) mais aussi aux trous divers et variés et aux bouches d’égouts malencontreusement restées ouvertes. En effet, ces bouches sont très profondes et jamais signalées. Quand on fait attention, on voit un cercle sombre devant soi qu’on contourne prudemment. Quand il fait vraiment noir (c’est-à-dire quand il n’y a pas d’électricité par exemple) ou quand on regarde en l’air, on ne voit rien et c’est dangereux (j’ai entendu parler d’un expatrié qui s’est cassé le pied en tombant dans un de ces trucs…).

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