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Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
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27 août 2006

Guide du Vilain Petit Flamand - par Boris

Pas de journal aujourd'hui, mais une nouvelle ouverture sur le monde. Cette fois, nous n'allons pas partir en Chine comme d'habitude. Nous allons faire un petit saut chez nos (enfin, en l'occurrence vos, parce que je suis pas tout à fait à coté) voisins les flamands. Boris, toujours un rescapé de l'IEP, y a en effet effectué son stage pendant trois mois, et a donc pu approfondir sa connaissance des mœurs de la population locale.

Attention : Boris nous indique en préambule que la fin de son stage a été particulièrement houleuse... J'espère que personne n'a des origines flamandes dans le coin...

LE GUIDE DU VILAIN PETIT FLAMAND... (par Boris)


Le flamand est une espèce rare. On en compte environ cinq millions répartis sur les terres sablonneuses et marécageuses au nord de la France, résistant tant bien que mal aux hectolitres de pluie qui leur dégringolent sur la tronche régulièrement. Pour vous décrire l'endroit ça serait pas évident, en gros je dirais des champs, des vaches (avec pourtant une densité de population quatre fois supérieure à la France !), des marécages et du plat à perte de vue, bref comme ma charente maritime mais en encore moins varié (d'ailleurs, vous avez déjà vu des tours opérators proposant des excursions nature en Flandres vous ???).
 
Au fait, c'est un pays la Flandre ? Hé bien oui, enfin en tout cas dans leurs rêves : demandez à un Flamand sa nationalité et il vous répondra sans hésiter : flamand. Les Flamands nationalistes ont une définition plus restrictive du terme nationalité, par exemple, pour le Flamand yprois (Ypres, 30000 habitants, 28000 vieux, 50000 vaches et pas un seul putain de cybercafé) , bien sur il se sent flamand, mais se trouve sûrement plus de points en commun avec le canard de son jardin qu'avec le Popperingse d'à côté.
 
Bon, il faut dire qu'ils ne se comprennent pas à dix kilomètres de distance (véridique !). Il faut savoir que pour un Flamand, le néerlandais est sa deuxième langue. Vous me direz, alors c'est le flamand sa première langue ? Ben non, sa première langue c'est le patois du bled de chez grand mère, et dans une langue qui est assez compliquée à prononcer à la base ça donne vite des résultats épouvantable (du genre, excusez-moi, littéralement « alstublieft », se prononce vers Ypres « SHEUBLIF » ). Pour un étranger l'expérience et parfois douloureuse et jamais agréable. Il faut noter cependant que l'étranger qui parle anglais , quelle que soit sa nationalité, sera sûrement mieux accueilli que l'étranger francophone (hé oui, ils parlent tous français, sauf quand ils en rencontrent un) qui sera mieux accueilli que l'étranger Wallon, sorte de larve dégénérée qu'il faut a tout prix éradiquer de la surface de la planète. Mais bon, un Yprois m'a expliqué sans sourciller que finalement il aimait bien les Wallons, parce que les Flamands ont acheté toutes leurs terres et que la main d'œuvre y est pas chère. Ouf me voilà rassuré, autant pour les préjugés sur les Flamands racistes :-D.
 
Raciste ???? Noooon !!! Merde, d'ailleurs en été ils sont bien roses, les Flamands, après avoir été à la plage à Knokke-Zout (sorte de réservoir à Flamands avec plein de Flamandes cramées aux UV – ou alors ils arrivent à bronzer sous la pluie, je sais pas ?? – et avec des protubérances en plastique au niveau des glandes nourricières). En hiver ça doit virer au blanc violâtre, mais je ne serai pas là pour vérifier. En revanche, les Flamands qui ont la malchance d'être un peu trop mazoutés sont bien souvent soumis à l'opprobre générale, dans un pays ou le Vlaams Belang (un truc du genre « La Flandre par dessus tout », ça vous rappelle rien) ramasse 30% des voix, par exemple à Anvers (1 millions d'habitants). Dans les petites villes comme Ypres, c'est un peu plus folklorique, les gens s'arrêtent dans la rue pour regarder passer ces vilains petits canards qui, bondjiud'bondyou, ont réussi à bronzer sous la pluie ! Pour ma part, après m'être fait agressé verbalement plusieurs fois (dont une fois par un type qui, bien que parlant parfaitement français, m'a dit sans sourciller « Toi interdit être là ! Aller police ! »), j'ai adopté le regard sombre et l'attitude menaçante du banlieusard yprois qui se respecte.
 
Mais est-ce vraiment du racisme (dixit I AM : « ça effraie mémé, et on sait bien c'que mémé va voter ... ») ? Pour vous laisser à votre libre arbitre, je me dois de vous livrer une petite anecdote... En voiture, avec une bonne femme (flamande, blanche, et pas loin de soixante-cinq ans, donc pas vraiment terrifiante), nous avons eu le malheur de demander notre route la nuit (vers 10 heures, quoi...) à un groupe de gens qui marchait dans la rue (des flamands flânant quoi). On ralentit, ils accélèrent. On accélère, ils accélèrent encore plus. On essaie de revenir à leur hauteur et de crier le nom de la rue pour qu'ils s'arrêtent, ils se mettent à hurler de manière presque hystérique qu'ils ne comprennent pas.. En pleine hallucination, je me tourne vers la conductrice, qui m'explique que c'est normal, c'est la nuit et « des gens méchants » traînent dehors. Cependant deux cent mètres plus loin voici les maris des demoiselles, qui daignent s'arrêter d'un air méfiant (« hé ptit gars, on me la fait pas à moi »). Et là, comme dans un film de science fiction, ma conductrice se met à parler, et le mec ne comprend vraiment pas ! Elle a beau répéter plusieurs fois, même moi qui suis une cave totale en flamand j'arrive à piger ce qu'elle dit, mais le type la regarde avec des yeux effarés « Welke straat ??? » et je me retrouve à faire le traducteur pour deux flamands qui habitent à vingt kilomètres de distance. Conclusion : si jamais vous êtes perdu en Flandres, ne demandez JAMAIS votre chemin, car vous pourriez passer pour 1) Un voleur (j'ai connu ça) 2) Un immigré (oui j'ai connu ça aussi) 3) Un immigré VOLEUR (en fait ça vaut généralement pour tous les catégories précitées et, la pire de toute 4) Un WALLON. Autant vous dire que si la première catégorie peut vous valoir des ennuis, si vous êtes immigré et qu'en plus vous parlez français, c'est police direct !!! A tel point qu'on se demande pourquoi ce sont les Flamands qui sont indépendantistes (merde, amis Wallons, qu'est-ce que vous attendez pour les laissez crever sur leur banc de sable vaseux ???).
 
Au fait, au sujet des préjugés sur l'accent belge, c'est la preuve même qu'au delà des différences (du creuset, du trou, du fossé, du précipice, de la distorsion spatio-temporelle) entre les deux communautés (je devrais plutôt dire, la communauté wallonne et les 73600 communautés flamandes) il existe des influences réciproques. Du genre : « Regarde, une fois » ou « une fois » est tiré du flamand « ééns » qui se met à toutes les sauces. D'ailleurs je suppose que les Hollandais doivent aussi se foutre de la gueule des Flamands, qui disent tout le temps « allez ».
 
Bon je dois aussi vous faire une petite leçon de gastronomie. Prenez une patate, découpez là, balancez là dans l'huile et vous obtiendrez une frite. Mais si vous faites la même chose en Belgique, vous obtiendrez une frite BELGE, qui se vend dans une frituur', avec tout un tas d'accompagnements horribles que je vous épargnerai par considération pour votre estomac d'iepien. Citons quand même pour vous mettre en bouche les frites accompagnées de brochettes de fromage pané frit dans l'huile et des boulettes de steack (c'est-à-dire du bœuf... mélangé à du porc !) également pané et frites. Vous avez encore faim ? Bon j'exagère car leurs restaurants sont souvent meilleurs que les nôtres pour faire de la bouffe française, mais ça demande aussi d'avoir 50 euros (!!!!) à dépenser pour un menu correct...
 
Evidemment, je ne pourrais pas finir sans vous parler de le ville d'Ypres, qui m'a si chaleureusement accueilli pendant trois mois ! Ypres, ses vaches, ses champs, ses chevaux, ses cimetières de la première guerre mondiale, son immense halle aux draps, comme un monument parisien remonté en plein milieu de Surgères, possède le charme des lendemains d'apocalypse, qui a d'ailleurs eu lieu en 1916, quand les Allemands puis les Francais et Anglais ont complètement rasé la ville. Les Yprois courageux l'ont entièrement reconstruite à l'identique, bien qu'on se pose la question : cela en valait-il vraiment la peine ? Ils ont du en garder une rancœur tenace contre les Francais, parce qu'à 35 kilomètres à vol d'oiseau de Lille, la liaison « directe » en train met 1h45, et le français est une langue inconnue dans la morne plaine... Il faut dire que la Frituur du coin, principal point de rendez-vous de la contrée, attire bien plus les anglais venus prier pour leurs ancêtres que les français de passage, qui font un détour de 300 mètres pour éviter la vapeur grasse qui s'échappe des fourneaux. L'avantage, c'est qu'il doit y avoir un policier pour toute la ville, donc vous pouvez demander votre chemin sans trop de risque de terminer en prison. Un hochement de tête signifie « j'en sais rien », un geste de la main droite c'est « j'en sais rien et va te faire foutre », et un mec vous répond ça ne peut être qu'un étranger (peut-être dangereux) qui ne connaît sûrement pas la région, donc passez votre chemin à moins qu'il ne vous dise « Ik roep de politie ! » (j'appelle la police) auquel cas c'est sûrement un flamand et, sachant en toute connaissance de cause que le flic du coin est sûrement bourré au bar des gueux de la mère Jeannette (pardon jeannekke ), vous pouvez peut-être essayer, sachant que vous ne risquez pas grand chose : en bon herbivore, l'Yprius desagreablus se met d'abord à faire peur et à crier, puis quand il voit que ça ne marche pas il part en courant !
 
Voilà, j'espère que vous être armés pour visiter ce plat pays qui n'est pas le mien, en attendant que le réchauffement climatique ne se charge de lui rendre sa pareille. Mais non, qui a dit que je suis aigri de ne pas m'être fait un(e) seul(e) ami(e) en trois mois ?


The end...

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