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Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
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16 septembre 2006

Nuit blanche

Grande séance « rattrapage de journal » aujourd'hui. Et oui, j'étais en retard sur la version papier, ayant été privée de support pendant presque trois semaines, le temps que mon nouveau journal, spécialement expédié de France m'arrive, tout imbibé de Sauternes cet alcoolique... Et comme en plus, il n'a pas de lignes dedans, il m'a fallu plusieurs jours pour concocter une sorte de sous-main avec des lignes (entre les essais ratés, les lignes trop serrées et mes oublis, ça n'a pas été simple)... Vous croyiez quoi ? Que j'écrivais naturellement droit ??

Au bout de deux heures, j'arrête car je commence à ressentir les signes précurseurs de ses fameuses crampes dans les mains/poignets que tout étudiant se doit de connaître au moins une fois dans sa vie, surtout en période d'examen, mais comme il ne reste plus qu'une heure, et qu'on a à peine achevé l'intro, et qu'on voudrait bien avoir plus de 8/20 cette fois, on continue à écrire malgré la douleur, tout en faisant des pauses régulièrement pour permettre à la main de se reposer car de toute façon ce qu'on continue à écrire devient complètement illisible (et puis, il faut réfléchir un minimum au paragraphe suivant aussi)... Mais comme aujourd'hui ce n'est ni un exam, ni un exercice imposé, et que malgré les apparences je ne suis jamais devenue complètement masochiste, j'arrête.

Je me lance ensuite dans une grande opération « Ménage d'urgence ». Pourquoi ? Pour trois raisons :
- je suis à peu près motivée aujourd'hui
- je n'ai rien à faire
- et surtout j'aurai absolument pas le temps demain puisque je vais en rando (et la semaine, c'est pas la peine de compter faire un grand ménage, sauf à se coucher à 2h du matin, et comme souligné précédemment, je ne suis pas tout à fait masochiste...).
Et juste quand j'allais arrêter pour me préparer à retrouver Christine, le téléphone sonne. Un appel de France... Non, non, ce n'est pas ce que vous croyez : c'est pas pour savoir si je vais bien, si je ne déprime pas trop dans mon coin du monde, c'est juste pour faire la correction des exercices d'anglais (la voie passive) de Mélissa et accessoirement savoir le temps qu'il fait à Dushanbe, histoire d'alimenter la rubrique « météo internationale » de la chronique du village... En attendant, le temps file et je finis par être sacrément en retard (15 minutes) à mon rendez-vous avec Christine.


L'opération du jour, c'est de retrouver Bactria. Christine n'y a jamais été, et moi je n'ai pas trop trop fait attention la dernière fois avec Faridun... Et pourtant, c'est sur mes frêles épaules que repose l'espoir de retrouver ce fameux bâtiment établi comme toujours au milieu de nulle part (à croire qu'ils font exprès de choisir l'endroit le plus paumé au fond d'une impasse ou d'une petite rue). Après quelques hésitations, on parvient à l'endroit en question : le concert a déjà commencé, il n'y a plus une seule place assise, plus aucune chaise, donc on émigre dans un coin ou se trouve déjà Lukas, et d'où on ne voit strictement rien à cause d'une gros buisson exubérant devant nous. Le concert est donné par un guitariste/chanteur, qui laisse parfois sa place à une fille qui chante et joue un peu de guitare aussi, et à deux musiciens tadjiks dont la musique me donne des frissons (va vraiment falloir que je trouve des CD ou des enregistrements de musique traditionnelle avant mon retour...).

A un moment, je suis distraite de l'observation attentive de mon buisson exubérant par Daler qui me fait de grands gestes du troisième étage surplombant la cour où nous sommes. Ravie de le revoir (je ne l'avais pas revu depuis mon anniversaire !), je grimpe les trois étages en courant, manque glisser dans les escaliers (mais c'est normal, j'ai une certaine tendance à l'empotage congénital) et retrouve Daler. Vous allez me dire : mais que fait-il coincé tout en haut d'un bâtiment au lieu d'être en bas à écouter la musique ? Et bien, si vous n'aviez raté aucun des nombreux épisodes de cette saga (ah, faut choisir : c'est soit les feux de l'amour, soit le journal du Tadjikistan...), vous sauriez que Daler travaille les week-ends à Bactria, pour vendre les objets fabriqués par des femmes des Pamirs (oui, maman, t'inquiète pas, je vais en ramener quelques uns !). On discute un peu, il me fait visiter le « yak house shop » et on part dans un délire sur « socks/sucks ».
Explications : tout un pan du mur est occupé par des chaussettes en laine, de différentes tailles et formes. J'avais regardé tous les autres murs avant et, moyennement passionnée par les chaussettes en laine, m'apprêtant à quitter la pièce, je lance : « it's just socks » (=ce ne sont que des chaussettes). Et Daler, dans son esprit bien tordu, a compris (ou voulu comprendre) « it just sucks » (=c'est vraiment à chier, nul). Du coup, c'était parti pour un méga fou rire...

Je descends à l'étage d'en dessous, ou je retrouve pas mal des Acted (enfin, ceux qui ne sont pas partis en vacances, comme Aurélien et Pierre, et ceux qui ne sont pas en mission ailleurs, comme Bret, une canadienne) en train de contempler une exposition d'un peintre Tadjik. Particularité de ce peintre : il ne peint (ou en tout cas n'a exposé) que des nus de filles (sauf un tableau représentant un couple, nu), dans les tons rouges, oranges ou jaune... C'est assez osé quand même, surtout dans un pays comme ça, mais jusque là, pas d'émeutes, pas de fatwa, pas (trop) de scandale...

Le temps passant, deux affamés (Christine et Lukas) s'en vont grignoter quelque chose, tandis que les acted tentent tant bien que mal de se regrouper en un troupeau à peu près structuré pour se rendre chez Sandra (non, ce n'est pas une Acted pour une fois, c'est juste la femme d'un acted <- nuance !).

Pour ma part, je me dirige vers chez moi, mais pas sans faire un petit saut au Zelioni pour acheter du raisin. Et encore une fois, ma méconnaissance de la langue (et surtout, des « virgule quelque chose ») me trahit. Je demande combien coûte le raisin, et la femme me répond : 1 et 5... Alors dans mon bon esprit, je comprends : 1kg = 5c. Je trouve ça bien trop cher, donc je lui demande combien coûte le raisin d'à coté (qui a l'air moins beau) : elle me répond 1c. C'est nettement mieux, même s'il est moins bon (parce que je ne me suis pas contentée de le regarder, je l'ai aussi goûté). Et puis, comme je n'ai qu'un billet de 20, et que c'est abusé de lui demander de me rendre 19 (surtout que je suis pas sure qu'elle ait la monnaie), je me dis que je vais acheter le raisin à 5c, tant pis pour l'arnaque, et comme Zelioni n'est pas sur mon chemin, je lui en demande deux kilos afin d'avoir des reserves... Je lui tends mon billet de 20c et j'attends qu'elle me rende la monnaie. Et la, j'ai un temps de flottement : je la vois compter des billets de 5, et en mettre trois de côté pour moi. Elle me fait une réduction spéciale parce que j'ai acheté deux kilos ? Et puis elle ne s'arrête pas la, elle me donne encore deux billets de 1... Totalement déboussolée, je prends la monnaie et je me dirige vers la maison. Sur le chemin, je continue à gamberger cette histoire, et je finis par me rendre à l'évidence : le 1 et 5, devait vouloir dire 1,5 somoni le kg, ce qui correspond à la monnaie qu'elle m'a rendu... Pourquoi elle ne m'a pas dit 50 dirams ? Là, j'aurais compris (même si je ne sais pas exactement comment on dit 50, ça ressemble à « piat » quelque chose, et quand on met diram à coté, ça ne peut qu'être 50cts...)

Sitôt arrivée, je me mets en cuisine pour avoir autre chose que du pain à manger pour demain midi. Je procède très simplement : je fais l'inventaire de ce que j'ai dans mon frigo et je cherche une recette qui correspondrait.
Inventaire : des œufs, du fromage, des oignons, des tomates, des patates, du raisin. Après quelques minutes d'intenses réflexions, je me décide : ça sera salade de tomates pour ce soir, et omelette patate/fromage pour demain. Seulement, à chaque fois, j'oublie que de cuire des patates c'est trèèèèèèèèèès long, du coup, je finis par abréger tout ça, et tant pis si mon omelette est un peu croquante...

Un peu après 11h, Antoine frappe à ma porte. Vous allez me dire : mais que fait-il à frapper chez les gens à une heure aussi indue ? C'est moi qui lui avais dit de passer car il devait vérifier ses mails de manière assez urgente, et quand nous étions à Bactria, nous n'avons pas réussi à mettre le courant en marche dans le bureau (quand je vous parlais de tendance à l'empotage congénital...). Bien sur, on commence à discuter, je termine de cuisiner les crêpes de la veille, on mange un peu de raisin, on écoute de la musique, et de fil en aiguille, on discute toute la nuit. Mais on discute de vraiment tout : cinéma, musique, souvenirs de vacances entre amis, conneries de quand on était jeunes, calculs matriciels (oui, j'avoue c'est assez violent à 4h du matin, mais Antoine n'expliquant pas trop mal, je parviens à comprendre l'idée générale), nos écoles respectives (saviez vous qu'à l'école des mines, les documents étaient autorisés pendant les examens, et notamment les annales corrigées de l'année précédente ?? Va falloir que j'en touche un mot à l'administration de l'iep...), etc. Finalement, vers 7h du matin, il rentre se coucher, tandis que je me prépare pour la randonnée...

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