journée sociale
Journée très sociale pour changer. Tout commence par Mavsuma qui
m'alpague dès mon arrivée au bureau ce matin. Elle n'a pas l'air
d'aller très bien et, effectivement, elle n'a pas le moral. Elle
m'explique que sa fille a une luxation congénitale de la hanche
(congenital hip dislocation) et que les traitements subis dans
l'enfance n'ont apparemment pas résolu le problème puisque sa fille,
maintenant âgée de 16 ans, recommence à souffrir terriblement. Les
docteurs estiment qu'il faut l'opérer, mais Mavsuma n'est pas très
partante car ça voudra dire que sa fille va devoir rester allongée
pendant 5 semaines, et après marcher avec des béquilles pendant un an.
Elle me demande donc de faire des recherches sur internet pour savoir
s'il y'a une autre solution ou si c'est vraiment la seule (et
meilleure) chose à faire. C'est donc parti pour des recherches sur
cette « chose » (on peut pas vraiment l'appeler maladie). Je visite
plusieurs sites qui parlent d'où ça vient, montre ce que c'est, et
comment ça se soigne. L'élément primordial c'est de détecter très très
tôt (dans les semaines qui suivent l'accouchement) afin de pouvoir
repositionner la hanche comme il faut sans opérer. Dès l'enfance finie,
il faut par contre opérer. Je tombe aussi sur un forum sur le sujet, ou
des personnes souffrant (et c'est le cas de le dire) de cette anomalie
peuvent s'exprimer. Et bien, c'est assez difficile de lire tous leur
témoignages à la suite, sur les douleurs, le handicap physique et le
regard des autres...
Puis c'est Rohila qui vient me voir, pour que je l'aide à faire une
sorte d'annonce en anglais car sa mère souhaite louer un appartement
qu'elle n'occupe plus. C'est émotionnellement moins difficile que ce
que m'a demandé Mavsuma, et c'est assez rapidement fait.
En début d'après-midi, Rukhshona m'apporte des crêpes préparées par sa
mère. Ce sont des crêpes similaires à celles que Christine et moi
avions mangé à Bishkek : elles sont plus épaisses et moelleuses que les
miennes. Je lui demande la recette au passage (tant qu'à faire), et on
discute pendant une bonne heure sur les élections présidentielles qui
approchent, et sur le système politique tadjik en général (j'avoue,
c'est moi qui ai lancé la conversation...).
Sur le chemin du retour, je « double » trois jeunes garçons qui, bien
sur, m'interpellent au passage, et comme je ne répondais pas,
commencent à parler anglais. Je suis toujours étonnée des rudiments
d'anglais qu'ils possèdent. Alors, dans l'ordre j'ai eu droit à :
sdrasdvouitie, hello, lady, beautiful, I always thought (la, j'ai
failli me retourner devant un tel exploit, à moins qu'il ne sache
absolument pas ce que ça veut dire), the misses...
En arrivant devant ma cage d'escalier, c'est Antonin que je double...
Il commence à me demander pourquoi je ne vais jamais lui rendre visite
(peut-être parce que la seule fois ou j'y ai été, il regardait la
chaîne X du satellite ?).
Et pour terminer, vers 21h, Christine m'appelle pour savoir si je
pouvais appeler Florian car les militaires vont en Afghanistan en fin
de semaine et elle aimerait bien qu'ils lui ramènent des écharpes de
là-bas (et quelques unes pour Roshni également). Comme il est pas loin
de 22h (on est bavardes qu'est ce que vous voulez...), j'hésite
grandement, mais poussée par Christine, je finis par accepter. Je
compose le numéro du portable de Florian, j'attends, personne ne
répond. Par acquis de conscience, je rappelle aussitôt, et là quelqu'un
décroche, mais c'est une voix de fille, un peu endormie... Petit
instant de cafouillage et, totalement perturbée, je finis par lancer
bêtement « Florian ? » (alors que c'est clair que ce n'est pas lui), et
là, la voix me répond « non, Stéphanie, il vaut mieux que tu rappelles
demain pour parler à Florian ». Je raccroche après m'être excusée, et
je rappelle illico Christine pour l'incendier en lui disant que c'est
SA faute si je viens de réveiller Aurélie, et qu'il est pas question
que je rappelle !!