Toujours plus de froid en perspective

Il fait toujours froid aujourd’hui. A cause des nombreuses coupures de courant, je ne peux pas brancher mon chauffage qui fait clim en été. Et à cause de mon ordinateur capricieux, je ne peux pas brancher mon chauffage « normal ». Je me mets donc en tenue de combat. Je garde ma doudoune vert bouteille, et me transforme en babouchka (= grand-mère) ou afghane selon le point de vue. Echarpe sur la tête, oreilles bien au chaud, cou et visage jusqu’au nez emmitouflés dans la même écharpe. Et puis je fais régulièrement des petits séjours dans le bureau de Rohila, Parviz et Gairat qui n’a pas plus de chauffage que le mien, mais qui est mieux isolé et plus peuplé que le mien.

Dans l’après-midi je reçois un mail qui me glace encore plus le sang, si c’est possible. Le 28, 29 et 30 novembre, Dushanbe risque fortement d’être dans le noir, en raison de travaux de maintenance effectués sur un des barrages hydroélectriques du coin. Bouh ? Je vais faire comment moi, pour survivre pendant trois jours sans lumière, sans chauffage, sans plaque électrique et sans douche (car pas d’eau chaude) ? Dans l’article (qui est reproduit dans le mail), ils disent que certains trucs prioritaires continueront de recevoir de l’électricité. Prioritaire, ça veut dire le palais présidentiel, la maison des enfants du président, la maison du maire de Dushanbe et peut-être celle du premier ministre. Si il reste un peu d’électricité, peut-être que les hôpitaux (enfin, ceux qui avaient des chauffages) recevront quelque chose.

Ils disent aussi que ces vilains pas beaux d’ouzbeks ont refusé de nous livrer plus de gaz pour compenser, sous prétexte que le réseau ne permettait pas techniquement un tel transfert. Oui, c’est ça. Sauf qu’en été, quand le transfert se fait dans l’autre sens, le réseau supporte très bien !!

Ce qu’ils peuvent être rancuniers ces Ouzbeks. Tout ça parce qu’on projette de construire beaucoup, beaucoup de centrales hydroélectriques en amont des fleuves qui alimentent les champs ouzbeks… Et puis parce que régulièrement on arrête ou on tire sur quelques garde-frontières ouzbeks qui sont malencontreusement trop près de notre frontière voire même de notre côté de la frontière.

Dans la soirée, Alex et Rakhim passent avec une pizza. Ils m’apprennent à compter en tadjik (j’avais déjà compris le « yak, dou, cè » du défilé) et aussi à dire « dégage » en tadjik (Ey  davsha, dit sur le ton le plus rébarbatif et agressif que possible).

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