* Aller à vau-l'eau = Aller à sa perte, péricliter
Je rentre dans la dernière ligne
droite avant mon départ : tout peut donc franchement tomber en ruine. Si
vous vous souvenez bien, je viens à peine de me coucher que je devrais déjà me
lever, vers 7h30. Sauf que, le réveil ne sonne pas à l’heure dite. Les
aiguilles, qui avançaient paisiblement quand je me suis couchée ont profité de
mon sommeil pour se figer… Cool. Le réveil me lâche à un moment critique, comme
toujours. Je me lève donc, un peu au radar. Je mets machinalement de l’eau à
bouillir pour un thé et je sors faire mes courses. Oui, je sais, c’est pas
prudent de s’absenter en laissant une plaque électrique en marche, mais il faut
rationaliser le temps. Et le temps que je fasse mes courses et que je revienne,
l’eau devrait être bien bouillie comme il faut. Une fois n’est pas coutume,
Orima a des œufs. Je règle donc le problème des courses plus vite que prévu. En
rentrant, après ma tasse de thé, je me mets en devoir de faire tout ce que je
n’ai pas eu le courage de faire hier, à savoir la vaisselle, le ménage et les
crêpes…
Au milieu de la matinée, Florian
(qui doit aussi venir) m’appelle pour savoir si j’ai besoin de quelque chose.
Sur le moment, accaparée par un grumeau coriace qui refuse de rendre l’âme, je
ne pense à rien de particulier et lui dit donc d’apporter ce qu’il veut. Puis,
en cogitant un tout petit peu plus, je me rends compte que je n’aurais jamais
assez de tasse pour tout le monde. Je rappelle illico Florian pour lui demander
d’apporter des tasses s’il peut.
Puis c’est au tour de Faridun de
m’appeler pour savoir si tout va bien. Oui, oui, R.A.S. Cinq minutes
après, je constate que ma crêpe met un temps étonnamment long à cuire. C’est
bizarre, ça. J’approche ma main de la poêle qui est à peine tiède et tourne le
bouton de cuisson à fond. Je vérifie en même temps que j’ai bien tout branché
et qu’il y a de l’électricité. Tout baigne de ce côté-là. Pourtant, la chaleur
continue de s’estomper et ma plaque de cuisson devient résolument froide.
Bravo. Ma plaque électrique vient aussi de me lâcher à un moment critique… Ce
qui est génial, c’est qu’il faut toujours que tout tombe en même temps. En
attendant, je cogite sec car une question existentielle se pose tout de suite à
moi : comment suis-je sensée nourrir mes invités moi ? Avec 6 pauvres
crêpes ???
Du coup, je rappelle Florian en
catastrophe et lui demande d’un ton désinvolte s’il n’aurait pas, par hasard,
une plaque électrique en état de fonctionnement à me prêter. Malgré un léger
temps d’arrêt, Florian ne me raccroche pas au nez en me traitant de malade et
promets même de m’apporter la sienne. Je recommence à respirer, mais pas pour
longtemps. Quand Florian débarque, ce n’est pas avec une simple plaque
électrique, non, c’est carrément avec un four surmonté de deux plaques
électriques. Temps de chauffage approximatif : une demi-heure. Impossible
de régler la chaleur avec précision : mes crêpes sont donc cramées à
l’extérieur et pas cuites à l’intérieur. Et quand j’essaie de baisser la
chaleur (quitte à ce que ça prenne deux fois plus de temps à cuire), le bouton
me reste carrément dans les mains. C’est pas grave… Tout va bien…
En retournant dans le salon, je
remarque encore une odeur de plastique fondu. Je m’approche et constate que la
prise murale a largement commencé à fondre. Ok, on ne va pas insister. Après le
réveil et la plaque de cuisson, c’est au tour du chauffage de me lâcher,
toujours à un moment critique de mon existence, quand il fait -5°C la nuit et
3°C le jour… Et dire qu’il y’a une heure, Faridun m’appelait pour savoir si
tout allait bien… Comble de l’ironie n’est-ce-pas ?
Rukhshona et Roxana arrivent les
premières. Je leur sers une bonne tasse de thé, des cacahuètes et les quelques
crêpes faites avant le drame. Roshni et John arrivent ensuite. Je laisse tomber
les crêpes car je suis au bord de la dépression nerveuse et leur sers un
morceau du gâteau que Rukhshona et Roxana m’ont apporté (en plus d'une très jolie paire de boucles d'oreilles).
Un peu plus tard dans
l’après-midi, je repère un gros cafard sur le mur de ma salle à manger. Bien
entendu, je l’envoie valser par la fenêtre comme tous ses petits camarades.
Fatiguée après ma courte nuit et les péripéties de la journée, je me sens un
petit peu déprimée. Je vais donc me coucher tôt, après avoir changé la pile du
réveil.