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Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
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12 décembre 2006

Dernier jour de stage !

Troisième jour sans chauffage et la température autrefois douillette de mon appartement commence à baisser sérieusement. Plus question de se déshabiller paresseusement avant d’aller à la douche ou de farfouiller en petite culotte pendant 15 minutes pour trouver un tee-shirt et un pull. Mais comme l’électricité ne m’a pas (encore) abandonnée, et que ma plaque électrique se porte à merveille, je me réchauffe de l’intérieur en buvant des quantités astronomiques de thé. Juste avant de partir je tente vaguement de réchauffer ma pièce principale en rebranchant furtivement le chauffage à la seule prise murale qui n’a pas encore fondu dans la salle à manger. Je ne fais pas sauter les fusibles, mais de drôles de bruits émanent de la prise, donc je préfère tout arrêter par précaution. C’est que je ne voudrais pas faire flamber l’immeuble… quoique, ça pourrait me procurer une éphémère sensation de chaleur.

C’est mon dernier jour au boulot. Comme le veut la tradition, j’organise mon pot de départ. Comme il fait froid à l’OIM, ça sera un pot suffisamment consistant et chaud : des pizzas. Pour boire, je n’ai pas d’autre choix que des jus de fruit. La vodka aurait sans doute mieux réchauffé les organes frigorifiés de mes collègues, mais outre le prix plus élevé, je crains pour les performances de l’après-midi.

Mahmasaid, mon chauffeur préféré et attitré m’accompagne dans cette lourde tâche et j’en profite de lui demander de me déposer cinq minutes chez moi, car j’ai oublié quelque chose. Je cours dans les escaliers pour aller plus vite, ouvre ma porte en deux centièmes de secondes, me précipite dans le salon pour chercher ma veste, trouve qu’il fait sombre, allume la lumière, commence à chercher avant de m’arrêter net. C’est bizarre ça, il fait toujours aussi sombre dans la pièce. Je regarde suspicieusement mes ampoules (oui, parce que c’est un lustre et il y’a cinq ampoules) en me demandant si elles ne se sont pas mises d’accord pour griller toutes les cinq d’un coup afin de me pousser au suicide… En temps normal, j’aurais qualifié ce type de pensées de paranoïa aggravée, mais depuis que je suis dans cet appartement, je ne m’étonne plus de rien. Pour en avoir le cœur net, je vais à la cuisine pour allumer la lumière. Rien. Je vais à la salle de bain en priant de toutes mes forces pour que le voyant du chauffe-eau soit bien rouge. Niet. Je dois donc me rendre à l’évidence. Il n’y a pas de conspiration de la part de mes ampoules et c’est bien l’électricité qui a décidé de m’abandonner lâchement alors que j’avais le dos tourné…

La mort dans l’âme, je me saisis de ma veste et cours retrouver la chaleur du 4X4 OIM.

A peine le temps de tout installer dans le hall du rez-de-chaussée que tout le monde se rassemble déjà. En même temps, il vaut mieux ne pas attendre, car les pizzas refroidissent à vitesse grand V dans cette atmosphère arctique. Seul Mahmoud me fait défaut aujourd’hui. Mavsuma me dit qu’il ne se sentait pas bien ce matin et qu’il est rentré se reposer un peu. Snifff. Pour me consoler, je mange sa part de pizza et commence à discuter avec Gairat, Parviz et Rukhshed.

Mavsuma s’approche alors de moi, demande le silence et s’apprête à me remercier au nom de tout l’OIM de ma bonne humeur au cours de ces six mois et de mes pitreries qui en ont fait rire plus d’un… Bah quoi, c’est déjà ça !! Elle m’offre, toujours au nom de tout l’OIM (et là, mon cœur flanche un peu tandis que des images fugitives de l’amour immodéré des tadjiks pour tout ce qui brille me traversent l'esprit…), une jolie boîte taillée dans un matériau très très lourd (je réfléchis à toute vitesse au nombre de choses que je vais devoir abandonner derrière moi pour pouvoir ramener cette boîte chez moi), une paire de boucles d’oreilles vraiment super jolies (et pas trop clinquantes !!), et une sorte de figurine en bois (ouf, c’est léger au moins !!) représentant un couple de tadjiks en tenue traditionnelle se regardant avec un grand sourire. Je remercie à mon tour chaleureusement tout le monde et leur promets que la prochaine fois que je reviens je parlerai russe pour de vrai !!!

J’occupe le reste de mon après-midi à ranger mon bureau tout en me redemandant 15 fois si j’ai rien oublié de très important. Avant de partir, je fais les derniers portraits de mes collègues et je rentre chez moi d’un pas lent. Pas parce que je suis triste, mais parce que mon sac à dos pèse une tonne.

Non, c’est en rentrant chez moi que je déprime sec. Toujours pas de lumière, toujours pas de chauffage. Je n’ai pas vraiment envie de commencer ma valise dans le noir. Je n’ai pas envie de grignoter un vieux bout de pain rassis, je n’ai plus d’eau bouillante… bref, c’est la misère totale. Je me mets en quête d’une bougie, mais tout ce que je trouve c’est un chauffe-plat famélique. Mais si, vous savez, ces petites bougies rondes qui font un centimètre de haut, qui sont cerclées de fer et qui se consument en moins de 2 heures !! Alors tant pis. J’appelle Faridun, bien décidée à lui demander de m’apporter des bougies, et des vraies. Et tant pis si je ne sais pas comment on dit « bougies » en russe et tant pis si Faridun ne répond pas. J’insiste jusqu’à ce qu’il réponde. Comme il n’a pas l’air super motivé, j’adopte la technique de Mélissa et le harcèle jusqu’à ce qu’il arrive. Au bout de quatre appels insistants en moins d’une heure, Faridun frappe à ma porte. Il m’apporte deux grandes bougies que je me hâte de fixer au fond d’un pot de nutella vide.

Ne pouvant rien faire de très distrayant, je me lance à corps perdu dans la contemplation de la lumière chancelante des bougies tout en me demandant si, compte tenu des aérations naturelles de mon appartement, au bout de combien de temps vais-je être suffisamment intoxiquée au monoxyde de carbone pour tomber dans les pommes… Finalement, je décide de ne pas tenter l’expérience, et vais me coucher après avoir soigneusement éteint mes deux bougies. Bien sur, je ne me déshabille pas le moins du monde, enfile une deuxième paire de chaussettes et garde mon turban sur la tête (c’est que je suis frileuse, voyez-vous !).

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Commentaires
V
Hé ben il va être temps que tu quittes ce pays ! Partout où tu passes l'électricité s'éteint... Mais tu peux revenir à la maison j'ai fait le plein de bougies!!!! ;o)
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