Dernier jour de stage !
Troisième jour sans chauffage et
la température autrefois douillette de mon appartement commence à baisser
sérieusement. Plus question de se déshabiller paresseusement avant d’aller à la
douche ou de farfouiller en petite culotte pendant 15 minutes pour trouver un
tee-shirt et un pull. Mais comme l’électricité ne m’a pas (encore) abandonnée,
et que ma plaque électrique se porte à merveille, je me réchauffe de
l’intérieur en buvant des quantités astronomiques de thé. Juste avant de partir
je tente vaguement de réchauffer ma pièce principale en rebranchant furtivement
le chauffage à la seule prise murale qui n’a pas encore fondu dans la salle à
manger. Je ne fais pas sauter les fusibles, mais de drôles de bruits émanent de
la prise, donc je préfère tout arrêter par précaution. C’est que je ne voudrais
pas faire flamber l’immeuble… quoique, ça pourrait me procurer une éphémère
sensation de chaleur.
Mahmasaid, mon chauffeur préféré et attitré m’accompagne dans cette lourde tâche et j’en profite de lui demander de me déposer cinq minutes chez moi, car j’ai oublié quelque chose. Je cours dans les escaliers pour aller plus vite, ouvre ma porte en deux centièmes de secondes, me précipite dans le salon pour chercher ma veste, trouve qu’il fait sombre, allume la lumière, commence à chercher avant de m’arrêter net. C’est bizarre ça, il fait toujours aussi sombre dans la pièce. Je regarde suspicieusement mes ampoules (oui, parce que c’est un lustre et il y’a cinq ampoules) en me demandant si elles ne se sont pas mises d’accord pour griller toutes les cinq d’un coup afin de me pousser au suicide… En temps normal, j’aurais qualifié ce type de pensées de paranoïa aggravée, mais depuis que je suis dans cet appartement, je ne m’étonne plus de rien. Pour en avoir le cœur net, je vais à la cuisine pour allumer la lumière. Rien. Je vais à la salle de bain en priant de toutes mes forces pour que le voyant du chauffe-eau soit bien rouge. Niet. Je dois donc me rendre à l’évidence. Il n’y a pas de conspiration de la part de mes ampoules et c’est bien l’électricité qui a décidé de m’abandonner lâchement alors que j’avais le dos tourné…
La mort dans l’âme, je me saisis
de ma veste et cours retrouver la chaleur du 4X4 OIM.
Mavsuma s’approche alors de moi, demande le silence et s’apprête à me remercier au nom de tout l’OIM de ma bonne humeur au cours de ces six mois et de mes pitreries qui en ont fait rire plus d’un… Bah quoi, c’est déjà ça !! Elle m’offre, toujours au nom de tout l’OIM (et là, mon cœur flanche un peu tandis que des images fugitives de l’amour immodéré des tadjiks pour tout ce qui brille me traversent l'esprit…), une jolie boîte taillée dans un matériau très très lourd (je réfléchis à toute vitesse au nombre de choses que je vais devoir abandonner derrière moi pour pouvoir ramener cette boîte chez moi), une paire de boucles d’oreilles vraiment super jolies (et pas trop clinquantes !!), et une sorte de figurine en bois (ouf, c’est léger au moins !!) représentant un couple de tadjiks en tenue traditionnelle se regardant avec un grand sourire. Je remercie à mon tour chaleureusement tout le monde et leur promets que la prochaine fois que je reviens je parlerai russe pour de vrai !!!
J’occupe le reste de mon
après-midi à ranger mon bureau tout en me redemandant 15 fois si j’ai rien
oublié de très important. Avant de partir, je fais les derniers portraits de
mes collègues et je rentre chez moi d’un pas lent. Pas parce que je suis
triste, mais parce que mon sac à dos pèse une tonne.
Ne pouvant rien faire de très distrayant, je me lance à corps perdu dans la contemplation de la lumière chancelante des bougies tout en me demandant si, compte tenu des aérations naturelles de mon appartement, au bout de combien de temps vais-je être suffisamment intoxiquée au monoxyde de carbone pour tomber dans les pommes… Finalement, je décide de ne pas tenter l’expérience, et vais me coucher après avoir soigneusement éteint mes deux bougies. Bien sur, je ne me déshabille pas le moins du monde, enfile une deuxième paire de chaussettes et garde mon turban sur la tête (c’est que je suis frileuse, voyez-vous !).