Debut de l'aventure : 8 juin 2006 aux alentours de 5h du matin...
L'avion ne décolle qu'a 10h, mais j'ai pas envie d'être en retard ce
matin. Je suis la première a me lever. Je me glisse dans la cuisine,
mets de l'eau à chauffer pour le thé, et comme c'est mon dernier jour
ici, je décide d'être gentille et de préparer le petit déjeuner pour
les autres. D'ailleurs il va être maigre ce petit dej : je ne trouve
qu'un paquet de 4 petits LU et 6 boudoirs. Sachant qu'on est 4 ce
matin, je me sacrifie courageusement et me prive de gâteaux. Je me mets
aussi en tête de faire le café puisque j'ai appris à le faire il y'a
deux jours. Je commence a remplir le réservoir d'eau de la cafetière
quand je me rend compte que c'est en train de déborder... en fait il
y'avait déjà de l'eau... c'est pas normal ça... Prise d'un doute
affreux, je regarde là ou on met le café... y'en a déjà !!! Oups... en
fait Didier a du tout préparer hier et programmer la cafetière...
Mince, et moi qui ai rajouté de l'eau. Dans le doute (et pour faire
bonne mesure), je rajoute aussi un peu de café (combien ? j'en ai
aucune idée !!), et je prie pour que le résultat ne soit pas trop
catastrophique !
Maman est la deuxième à se lever. Moi je migre à l'ordinateur pour
nourrir mes cochons (comprenne qui pourra) et vérifier que rien de
nouveau n'est venu perturber ma boite mail. Ca fait deux jours
maintenant que j'ai un appart à Dushanbe, et croyez moi, ca soulage de
savoir que je ne vais pas être obligée de dormir à l'aéroport ! Et ça
fait à peine une semaine que j'ai reçu ma lettre d'invitation (qui doit
me permettre d'obtenir mon visa). Rien de nouveau, tout va bien. Didier
est le troisième à se lever. A priori, il n'aurait pas du se lever mais
comme rien ne peut se passer facilement, il a fallu que la RATP dépose
un préavis de grève pour aujourdhui. N'ayant pas envie de tester à quel
point cet appel sera suivi, Didier a proposé de nous emmener
directement jusqu'à Denfert-Rochereau en voiture (comme ça il ne nous
reste plus qu'à prendre le RER B). Enfin Ludo est le dernier à se lever
(et il dormirait encore si j'étais pas allée le réveiller moi-même). On
part pas trop en retard, on trouve même une place assise dans le RER et
on arrive bien en avance à l'aéroport.
Le terminal B (d'où je pars) est nul : il faut d'abord se faire
contrôler le billet et le passeport pour rentrer dans la zone
restreinte et faire enregistrer ses bagages. Ayant très envie de me
débarrasser de mon encombrante valise verte, je passe ce stupide
contrôle et donne rendez-vous à ma môman à la sortie. Dans la file
d'attente pour l'enregistrement, une pensée me vient soudain à
l'esprit. Ma trousse est dans mon sac à dos. Dans ma trousse se trouve
ma super paire de ciseaux que j'ai depuis la 2nde (soit 7 ans
maintenant) et qui coupent toujours (sisi !). Or, je me doute que ca ne
passera pas aux rayons X. Je me grouille donc à la trouver pour
transférer les ciseaux dans la valise avant de l'enregistrer. Mais bien
sur, la trousse n'est pas sur le dessus : il faut passer
- le sac a dos
vide plié en 4
- une bouteille d'eau
- une boite de cotons-tiges (rajoutés
in extremis ce matin)
- une casquette (au cas ou le soleil taperait
encore à l'arrivée... non je déconne)
- mon journal
- une bouteille
d'huile de massage (au cas ou mon beau norvégien (boutonneux selon
maman) ou Mahmoud (petit et gros selon cette même maman) auraient envie
de me masser...)
- une énorme poche pleine de médicaments (par soucis
d'économie de poids et de place, j'ai retiré tous les emballages et
conservé une notice de chaque... résultat, c un peu le bordel la dedans
!)
Je ne trouve toujours pas ma trousse et la file avance, c'est
bientôt mon tour. Je finis même par me demander si je n'ai tout
simplement pas oublié cette foutue trousse... Trop tard, c'est mon
tour. Je me dépêche. Pose mon gros sac sur le tapis roulant. Regarde le
poids en passant : 21,1 kg (oups... c'est limité à 20 kg). L'hôtesse ne
dit rien, tant mieux, moi non plus. Quant à mon bagage à main, il n'est
même pas pesé (alors que j'ai laissé mes dico anglais et russe à la
maison exprès parce qu'ils avaient dit que le poids était limité à 8 kg
!!!)
Comme convenu avec Véro, je vais du côté des arrivées pour ressortir.
Mais là, c'est le drame : pas de Véro. Je me dirige vers l'endroit ou
il y'a des contrôles (et ou je l'ai laissée) au cas ou elle soit
revenue sur ses pas. Elle n'est pas là non plus. Demi-tour. Je repasse
par la ou je viens de sortir et remarque qu'il y'a plusieurs « arrivées
» possibles. Je vais vers la suivante, en priant pour qu'il n'y en ait
pas 10 comme ca et que Véro ne m'attende pas à la dernière, tout au
fond du terminal... Toujours personne... J'ai pas de portable, mais il
y'a des cabines téléphoniques. En espérant que Véro n'ait pas oublié le
sien, ou qu'elle ne l'ait pas éteint, et tout simplement qu'elle
l'entende, je m'approche d'une cabine. Pour m'en éloigner aussitôt : je
n'ai ni carte téléphonique, ni carte bleue (mais ou sont donc passées
nos bonnes vieilles cabines à pièces ????).
En proie au désespoir (c'est un peu exagéré, mais si j'avais mis un
truc du genre : « la conscience tranquille de celle qui a fait le
minimum syndical pour retrouver sa mère, je repasse côté embarquement
et feuillette le dernier Paris-Match », j'aurais du demander l'asile
politique au Tadjikistan), je commence à errer quand j'entends « Steph
! » : miracle, elle est là !!! On trouve un café, ou on prend un
petit-dejeuner (parce qu'on a tout laissé aux goinfres ce matin...
lol). Je prends mon deuxième café en prévision de la dure journée qui
m'attend, et puis c'est l'heure du départ. Je redoutais un peu ce
moment, mais finalement ca se passe bien : pas de larmes, pas
d'effusions, c'est vite fait bien fait !!!
Il est 9h15, l'embarquement doit commencer : il y'a une file d'attente
immense et seulement une seule machine à rayons X. Un couple de vieux
passe allègrement devant quelques personnes (dont moi) en agitant bien
leurs passeports diplomatiques. Rhalala, quand je serai dictatrice,
y'en a qui vont souffrir. Je passe le portique sans problème, échappe
de justesse au « déchaussage aléatoire » (c'est celui derrière moi
qui y a droit) et j'embarque. Airbus A320, fauteuils confortables,
place 30C (couloir, zut !). Il y'a des écrans qui affichent : les
consignes de sécurité (pffff... j'aimais bien quand c'était les
stewards qui faisaient la démo), des informations d'ordre général sur
le vol, les dernières news de la compagnie (saviez-vous que la Swiss a
récemment ouvert une liaison avec Shanghai ?) et puis, vers la fin,
toutes les correspondances avec les heures et les portes
d'embarquement.
Le service est très bien : muffin, jus d'orange (ou whisky, c'est
selon... lol) et barre de chocolat (suisse...). D'ailleurs, j'aurais pu
avoir un deuxième muffin, mais mon honnêteté et ma galanterie m'en ont
empêché. Quand l'hôtesse les distribuait, le japonais assis à coté de
moi dormait. J'ai donc proposé de prendre son muffin et de lui donner
quand il se réveillerait. Et bien, je ne l'ai même pas mangé (alors que
j'aurais laaaaaargement eu le temps).
Il n'y a qu'une heure avant le vol vers Istanbul, mais c'est vite passé
surtout quand je me rend compte qu'il y'a encore une file d'attente pas
possible pour accéder aux portes d'embarquement. Au moment de passer
mon sac une nouvelle fois aux rayons X, la bonne femme me demande si
j'ai un ordinateur avec moi. Je lui réponds que oui. Elle me demande
alors de le sortir. Je la maudis intérieurement parce que ça va être
l'horreur pour le remettre dedans. Je la maudis encore plus quand elle
me demande de le sortir complètement, c'est-à-dire de sa housse. Tout
passe aux rayons X et, effectivement, je galère à tout remettre.
A 12h10 exactement, j'ingère le premier comprimé de Savarine
(anti-palu) avec beaucoup d'appréhension je l'avoue. Embarquement porte
A83, l'avion est encore bien (j'en profite, je ne sais pas ce qui
m'attend pour la dernière partie du voyage). Y'a personne à coté de
moi, alors j'en profite pour m'étaler. Près de la fenêtre, il y'a une
fille, Lucine, qui est étudiante en mathématiques appliquées (j'ai
failli demander à changer de place) et qui part en vacances à Istanbul.
Le repas du midi arrive, c'est pas mauvais (sorte de panini
tomate/fromage), mais je commence à ressentir les premiers signes de
nausée. On nous distribue encore une barre de chocolat suisse (que je
conserve précieusement, on sait jamais, il se peut que je ne vois plus
de chocolat pendant les 6 prochains mois !!!).
Istanbul : 23°, ciel maussade (c'était bien la peine de quitter Paris,
tiens !). La France fait partie des pays n'ayant pas besoin de visa
pour entrer en Turquie (l'Italie, si !). Mon passeport reçoit un
nouveau tampon (ouah....). Je récupère ma valise (heureusement que j'ai
pris celle qui a une armature a peu près rigide et que j'ai rien mis de
fragile dedans, vu comment les bagages sont balancés sur les tapis...),
et me dirige vers la sortie. Je patiente sur un banc (enfin, vu les
nuits précédentes, je pense que le terme exact est « comater »),
jusqu'à ce que l'enregistrement pour Dushanbe commence. J'apporte ma
belle valise qui a maigri de 400 g (20,7 kg). L'hôtesse me demande si
je préfère côté couloir ou côté fenêtre. Je réponds fenêtre, comme ça,
si on fonce droit sur une montagne, je le verrai... Pas de bol, il ne
reste plus de places côté fenêtre (gni ! Pourquoi elle me pose la
question alors ???). Puis elle me dit que l'avion est plein et qu'elle
va me mettre... (et la, je deviens blême en 2 secondes, pensant qu'il
y'a eu du surbooking et qu'ils vont me placer sur le vol suivant, mais
dans le cas présent, le vol suivant c'est la semaine prochaine, et je
veux pas dormir à l'aéroport pendant une semaine !!)... sur des sièges
à l'avant (ouf !). J'ai droit à la place 22D. Elle me prévient que
c'est vraiment tout devant (pourquoi elle m'annonce ça comme si c'était
une mauvaise nouvelle et qu'elle a peur que je m'énerve ?)
L'embarquement ayant lieu seulement 1h30 plus tard, je me trouve un
autre banc pour comater. Autour de moi, les passagers attendant le vol
pour Dushanbe sont à 90% des hommes. Il y'a très peu d'occidentaux
(mais c pas surprenant... ça se saurait si le Taj était une destination
touristique super à la mode !). Lorsque la voix féminine annonce, en
turc, que l'embarquement peut commencer, 25 personnes se lèvent d'un
coup et se précipitent dans le couloir qui mène à l'avion. J'ai soudain
peur... est ce que les places attribuées sur le billet le sont vraiment
(auquel cas il est inutile de se presser) ou est ce que c'est le
premier arrivé qui est le premier servi ? Dans le doute, je me joins au
flot de tête... A l'intérieur de l'avion, c'est assez bruyant. On
dirait une colonie de vacance qui embarque. Au niveau bagages à main,
je doute que la plupart respectent les dimensions requises. Mon voisin
est obligé de taper dans la sienne pendant 5 min pour la faire rentrer
dans le compartiment. D'ailleurs, je tiens à souligner que je ne suis
absolument pas à l'avant de l'appareil, mais plutôt à l'arrière !!! Je
ne comprends pas du tout ce que la fille de l'enregistrement voulait me
dire !
Me voici donc dans l'avion qui m'emmène hors d'Europe (et là, sans en
avoir l'air, je lance un sujet ultra controversé, à savoir : la Turquie
fait-elle partie de l'Europe ?). Il pleut à Istanbul et j'ai une pensée
pour Véro qui m'avait prédit des orages à Dushanbe. Si tel est le cas,
je ne le mentionnerai pas, sinon elle va croire que la météo est fiable
et m'enverra des mails quotidiens pour me dire le temps qu'il fera le
lendemain...
Certains passagers sont vraiment dégueu : il y'en a un qui a pris le
sachet en papier (qui doit servir en cas de vomissements a priori) et,
très régulièrement, se racle la gorge et crache dedans (bon appétit
bien sur !). De manière générale, c'est plutot le bordel. Les passagers
ne s'installent pas aux places qui leur sont assignées, parlent très
fort, n'éteignent pas leur portable (meme quand la voix off de l'avion
leur demande). C'est même tellement le bordel que l'avion décolle avec
1h de retard, parce que tout le monde n'est pas installé.