Problèmes de communication...
Grande nouvelle :
Juliette répond enfin a toutes les questions que je lui avais posées il
y'a de cela belle lurette. Il était temps ! En même temps, elle avait
quelques excuses. En approximativement 3 semaines, elle a eu le temps
de : se marier, déménager d'Allemagne, emménager aux États-Unis et
partir en vacances en Turquie. N'empêche que pendant ce temps, je me
suis sentie toute misérable et abandonnée... (lol, j'exagère toujours
un peu, faut pas faire attention). Les réponses de Juliette éclairent
certains aspects obscurs du problème mais ne décoincent pas
fondamentalement mon travail. Je ne suis toujours pas certaine
d'arriver à une conclusion plus avancée que celle de Juliette car,
Mukarrama me l'a confirmé, pas grand chose n'a bougé en un an et demi...
En parlant de Mukarrama d'ailleurs. Comme convenu, je l'appelle pour
savoir comment se rendre à la table ronde sur les migrations
irrégulières qui se déroule demain. C'est alors que je fais plus ample
connaissance avec les lignes téléphoniques du coin. Appeler en interne,
à l'OIM, c'est pas compliqué. Chaque bureau a son petit numéro et puis
c'est bon. Par contre (ou en revanche, ainsi que tout bon prof de
français un peu têtu sur les bords s'obstinerait à me reprendre), quand
il faut sortir du cocon protecteur de l'organisation pour affronter la
jungle des communications urbaines, c'est autre chose !!
Tout d'abord, faire le 9, pour accéder au réseau « normal ». Ou bien le
83, ou le 84 (ça dépend, parfois ils marchent tous, parfois il faut
tomber sur le bon). Puis il faut attendre une nouvelle tonalité.
Parfois elle vient, souvent elle vient pas. Ou alors pas du premier
coup. Dans ce cas, il faut être bête et méchant (bête ça va, méchant,
j'ai encore des progrès à faire) et recommencer jusqu'à ce que ça
fonctionne. Une fois que la nouvelle tonalité résonne agréablement à
vos oreilles, vous pouvez composer le numéro de votre correspondant.
Après une étude poussée de la question (statistiques à l'appui), j'en
ai déduit qu'il fallait également composer le préfixe « 2 » avant le
numéro en question. Là, soit vous avez de la chance et la ligne sonne
jusqu'à ce que votre correspondant décroche, soit si vous avez moins de
chance, la sonnerie s'interrompt sans aucune raison, ou alors votre
correspondant décroche mais vous ne comprenez pas ce qu'il dit car
votre ligne est « parasitée » par quelqu'un d'autre qui parle tadjik de
manière très animée. Les jours où vous n'avez pas de chance, soit ça
sonne occupé, soit une charmante voix pré-enregistrée vous indique en
russe, tadjik, puis anglais que « le numéro que vous avez composé n'est
pas en fonctionnement ».
Et quand, comme moi, c'est la première fois que vous expérimentez les
télécommunications locales, tout ça vous arrive successivement. Du
coup, il me faut pas loin de 20 minutes pour joindre quelqu'un a
l'IRCLM. Il est désormais 17h et la standardiste m'annonce très
aimablement que Mukarrama a fini sa journée (ah ben bravo ! Y'a que moi
qui respecte quasi-scrupuleusement les office hours ici ?). bon ben
tant pis, je rappellerai demain dès 8h30 en espérant avoir assez de
temps pour me rendre jusqu'à ce lieu mystérieux...
Passage éclair à l'appart, petite douche (autant en profiter quand il
y'a de l'eau) et hop, c'est reparti pour une exploration-découverte
d'un coin de Dushanbe que je ne connais pas encore : Aini street. Et
plus précisément, un endroit qui s'appelle le Sorbon et qui est sensé
se trouver au numéro 9. Après environ 25 minutes de marche, me voici
arrivée (après avoir un tout petit peu cherché, mais sans ça il n'y
aurait eu aucune justification à l'emploi du terme « exploration »).
Ce soir, petit rendez-vous d'adieu (enfin, au revoir ça fait quand même
moins tragique) : deux acted, Nicolas et Sébastien nous quittent après
avoir terminé leur mission au Tadjikistan. Et tous les deux ont les
yeux qui brillent d'une lueur un peu étrange dès qu'on prononce le mot
« vacances ». Je m'aperçois rapidement que c'est un concept qu'il vaut
mieux oublier quand on travaille dans cette ONG (aurais-je oublié de
vous précisée qu'Acted est une ONG créée en 1993 dont l'acronyme veut
dire Agence d'Aide à la Coopération Technique Et au Développement ?). A
Acted, quand quelqu'un est en vacances, ça veut dire qu'il a le droit
d'arriver à 10h le matin au lieu de 8h et qu'il n'est pas obligé de
venir travailler le weekend.
Nicolas, basé a Garm (centre du pays) explique les différentes
techniques de pêche ayant cours dans son coin : à la ligne, au filet, à
la dynamite (?) ou au fil électrique. D'après lui, il suffit de deux
cables électriques en partie dénudés, de s'approcher d'un endroit de la
rivière où il y'a (potentiellement) du poisson, et d'électrocuter toute
vie dans ce périmètre (tout en faisant gaffe de ne pas faire tremper
ses manches en même temps). Les débats qui ont suivi n'ont pas permis
de déterminer si Nicolas disait la vérité ou s'il nous racontait des
conneries.
Imperceptiblement, les bières qui trônaient sur notre table sont
remplacées par des bouteilles de vodka. Tradition des toasts oblige,
les verres s'enchaînent. Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas
bu autant de vodka moi (j'étais devenue très sage en la matière).
Connaissant mes limites, je reste néanmoins dans des doses plus que
raisonnables. Faut pas non plus oublier que demain c'est jeudi et que
j'ai déjà manqué un jour cette semaine !