visite d'un bout de Dushanbe et premier concert
Je retrouve Rukhshona à 10h ce matin pour aller au
Musée National des Antiquités, un musée archeologique qui se trouve
dans une rue perpendiculaire à Rudaki, au niveau de l'opéra.
Première chose : c'est
une grille soviétique qui cerne le jardin du musée. Il faut de la force
pour la pousser (et Rukhshona qui doit faire dans les 1,55 m à tout
casser (et encore, avec des talons je crois) et qui est extrêmement
menue).
Deuxième chose : le
problème des chaussures. Soit on se déchausse à l'entrée, soit on met
des sortes de chaussons par-dessus nos chaussures. L'intérieur du musée
est à l'orientale, avec beaucoup de tapis sur le sol. Il n'y a pas
foule dans le musée (c'est pas le Louvre ici). On apprend qu'il y'a un
sens pour la visite quand une employée nous court après pour nous faire
aller dans l'autre sens. Du coup, je crois qu'elle n'a pas confiance en
nous et nous suit de plus ou moins près tout au long de notre visite.
Accessoirement, elle sert d'interrupteur : elle allume la lumière quand
on entre dans une salle et l'éteint soigneusement une fois qu'on en
sort. Soit ils payent leur note d'électricité contrairement à la
plupart des gens d'ici, auquel cas on peut comprendre qu'ils fassent
attention à leur consommation, soit ils sont particulièrement sensibles
à la préservation de la planète dans ce musée...
Le musée remonte très loin dans le temps (paléolithique). Apparemment,
les hommes faisaient à peu près la même chose quelque soit leur lieu de
vie à cette époque, car je fois une bonne quantité de silex taillés
(sais pas si c'est vraiment du silex, en tout cas c'est une pierre
taillée). Alexandre (ou les grecs en général) ont laissé également pas
mal de souvenirs dans le coin : statues typée grecques, pièces de
monnaie, bijoux, et même un portrait d'Alexandre sur un morceau
d'ivoire tellement petit que le musée a mis une grosse loupe devant
l'objet en question. On trouve même une cotte de maille type romain
dans Astérix et Obélix et on se demande comment ce bonhomme s'est
retrouvé là. Il s'est perdu ou quoi ? Rukhshona émet l'hypothèse qu'il
a peut-être été victime de trafic d'être humain et a été vendu à de
riches Tadjiks...
Sinon, la grande attraction du musée reste le Bouddha géant d'Adjina Teppa.
C'est un grand bouddha (en argile je crois) de 13 mètres de long et qui
pèse 2,5 tonnes. Il a été découvert dans les années 1970 mais Rukhshona
me dit que les tadjiks n'en ont entendu parler seulement depuis ces 5
dernières années.
Il y'a aussi des vestiges de décorations pré-islamiques : des peintures
murales représentant des scènes de combat, de batailles, de repas,
etc... En gros, c'est comme les nôtres, sauf que leurs personnages ont
tous les yeux bridés à la chinoise (même Rukhshona est surprise).
On sort du musée, et Rukhshona décide de remplir sa mission de guide
scrupuleusement en me montrant les différents bâtiments du quartier
(ministère de la culture, de l'économie, académie des sciences,
etc...). On descend vers Aini Street, elle me montre un autre musée
qu'il y'a sur la place (le 5
sur la carte de Dushanbe), m'explique que la statue qui trône au centre
de la place est celle d'Aini, un écrivain célèbre au Tadjikistan. Elle
m'emmène également dans une sorte de centre commercial où ils vendent,
entre autres, du tissu, des bijoux, des vêtements plutôt typés
européens et même des maillots de bain deux pièces (dont la partie
basse est pudiquement ceinte d'un paréo la plupart du temps). Sur le
chemin du retour, elle m'indique quelques boutiques vendant des
vêtements assez jolis mais dont la taille standard est S (en gros, c'est mort pour moi ! Je peux perdre 10 kg, je suis sure que j'aurais encore les hanches trop larges !). On passe près d'une bibliothèque (la bibliothèque nationale peut-être ?) dont la façade extérieure est ornée de 6 ou 8 bustes (un peu comme les rois sur la façade de Notre Dame). Apparemment, ils ont alterné un homme de lettres russe et un tadjik (c'est facile, ce sont ceux qui ont la barbe la plus longue et qui paraissent les plus vieux).
Rukhshona reconnaît sans difficultés les russes (Gorki, Kafka, Lénine)
mais est incapable de nommer un seul des Tadjiks. Le gouvernement a
encore du boulot pour inculquer l'histoire tadjike (et donc une partie
de l'identité nationale) à sa population...
On finit par manger une pizza en face de la rue Somoni, sur la Rudaki.
Ca fait du bien après toute cette marche. Je téléphone à Youssouf en
rentrant pour reporter notre visite de la forteresse car il est déjà
15h et je dois être de retour avant 18h pour me préparer avant de
retrouver Christine. Au cours de l'après midi, j'ai droit à un coup de
téléphone de France, juste comme ça, pour prendre des nouvelles !
18h : je retrouve Christine sur la place Somoni. On va
dans un resto pour manger une salade (grecque, car c'est à peu près la
seule salade où on est sures qu'il n'y aura pas de mayonnaise). Puis on
se rend au musée Gurminj pour le concert. On n'est pas tellement sures
de l'endroit ou ça se trouve, mais à mesure qu'on s'en approche, on se
laisse guider par la musique. Les instruments du groupe n'ont pas
grand-chose de traditionnel : 2 guitares électriques, une basse (il me semble avoir vu moins de cordes),
une batterie, un synthé, et puis des sortes de percussions plus
traditionnelles et un saxophone qui ne joue que sur 2 ou 3 morceaux. La
musique en elle-même a plus d'intonations tadjikes, dans le rythme ou
la mélodie. C'est assez sympathique à écouter. J'aime beaucoup
l'endroit où ça se déroule. C'est dans l'arrière cour d'un bâtiment, il
y'a une petite scène en vois, une grande tenture (ou un tapis ?) dans
les tous rouge bordeaux avec la tête d'un vieil homme au centre. Il y'a
un arbre un peu au milieu de la cour, et des chaises et bancs un peu
n'importe comment. Ca fait une atmosphère assez intimiste.
Après le concert, Christine et moi rejoignons le groupe des Acted pour
boire une bière. Puis je dis au revoir pour de bon à Nicolas qui s'en
va mardi pour quelques vacances avant de partir en mission au Sri
Lanka. Ayant de plus en plus mal à la tête depuis cet après-midi, je ne
m'éternise pas et rentre chez moi.