journée entre filles
9h45 : je retrouve Rukhshona et deux de ses amies, Roxana et Dila (pour
le deuxième prénom, c'est un diminutif, le prénom entier était trop
difficile à prononcer) pour aller se balader. Roxana travaille comme
statisticienne à la World Bank tandis que Dila travaille pour l'UNDP
(un truc en rapport avec le VIH aussi).
On prend le bus pour se rendre
au jardin botanique qui se trouve juste à côté de l'université de
médecine (ou Rukhshona et Dila ont fait leurs études) et du point de
rendez-vous des randonnées. Le jardin est très grand mais totalement à
l'abandon, c'est dommage. Il y'a une grande serre qui était magnifique
à l'époque (selon les filles) mais qui est maintenant complètement
condamnée. Les herbes folles ont envahi les buissons qui n'ont pas été
taillés depuis belle lurette. Une sorte de bassin est franchement
envasé et rempli de nénuphars. Il devient difficile de s'éloigner des
chemins balisés en raison des ronces et autres buissons qui forment un
amas assez compact. C'est dommage, ça devait être un joli parc à une
époque.
En se baladant on croise une sorte de chorale religieuse qui
s'entraîne dans les sous-bois. Ca ressemble un peu aux églises
américains dans lesquelles on chante tous les gloire du seigneur (en
tout cas, d'après ce que j'en ai vu à la télé, je ne suis pas très
versée en la matière) : une guitare, et des gens qui chantent en se «
dandinant » un peu. D'après Dila, ils chantent en russe, et ce sont des
chrétiens. Apparemment, le gouvernement tadjik est assez tolérant en la
matière. Il tolère la « publicité » pour ces religions. Ainsi, Dila m'a
raconté qu'une fois elle était allée à une de ses réunions car ils
offraient des consultations gratuites en acuponcture. Elle a du d'abord
subir trois heures de réunions, lectures, cours et autre lavage de
cerveau sur la religion chrétienne, avant d'avoir droit à sa
consultation qui a duré moins de 5 minutes...
Après une bonne balade, nous commençons à avoir faim et décidons
d'aller à Merve (un restaurant turc) pour manger un morceau. Dila nous
quitte à ce moment là car elle fait le ramadan (pas les deux autres).
L'avantage du ramadan, c'est que Merve qui est toujours archi plein le
midi, est complètement désert. On n'attend pas deux heures pour
commander et nos plats arrivent relativement rapidement (sans compter
qu'on ne galère pas à trouver une table ou s'asseoir). On se fait «
draguer » par une table de mec, c'est-à-dire que l'un deux se lève
soudainement, et vient nous apporter un papier plié sur lequel il y'a
écrit un numéro de téléphone et un prénom. Il n'a pas prononcé un mot
et il est reparti comme ça. Roxana et Rukhshona me confirment qu'ici
aussi, ce genre de technique n'a qu'environ 0,0012% de chance de
fonctionner...
Après le déjeuner, on se met en quête d'un cadeau d'anniversaire pour
la cousine de Roxana. Sauf qu'aujourd'hui, c'est dimanche, et les ¾ des
magasins sont fermés. On descend Rudaki jusqu'au souterrain au fleurs
et on en trouve qu'un seul d'ouvert dans lequel on entre. Et là, vision
surréaliste : mon fleuriste est derrière le comptoir. Tout mon univers
s'écroule en 1 seconde, quand je réalise que mon fleuriste n'est pas un
fleuriste en fait, mais un vulgaire vendeur de bibelots tadjiks, tous
aussi scintillant et criards les uns que les autres... Bien sur, je ne
peux pas l'ignorer, alors je le salue, lui demande comment il va (bref,
mon champ de conversation habituel), tandis que Roxana achète un vase
(le moins scintillant possible, certes, mais quand même). On patiente
encore 5 minutes, le temps qu'il fasse le papier cadeau bien comme il
faut, et Rukhshona se demande pourquoi il fait deux paquets cadeaux.
Roxana lui répond qu'elle n'a acheté qu'un vase, et je confirme que je
n'ai rien acheté. Et pourtant, ce paquet m'est destiné... un petit
cadeau de mon fleuriste/vendeur de bibelot. Bien sur les filles se
moquent de moi et commence à faire toutes sortes de conjectures...
Pfff, c'est bas !
En rentrant, j'ouvre mon cadeau : une bougie dans un verre (je
m'attendais honnêtement à pire, vu les trucs qu'il y'avait dans son
magasin, et connaissant le goût immodéré des tadjiks pour tout ce qui
est flashy et brillant...)