Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Publicité
Archives
14 octobre 2006

A Kuliab

Première constatation au réveil : il fait gris et moche ! Et ça ne s'arrange pas, loin de là. Florian, Roshni, Jonas et moi venions tout juste de quitter la ville quand les toutes premières gouttes depuis que je suis arrivée commencent à tomber !!! Il était temps : 128 jours sans pluie (probablement plus, mais comme j'étais pas là, je ne peux pas confirmer). Par contre, ça reste un simple pipi de chat... pour l'averse diluvienne et les inondations, on repassera.

Kuliab étant plus au sud, la pluie cesse rapidement à mesure que nous progressons. Mais le ciel reste désespérément gris et couvert, ce qui gâche fortement les photos du barrage de Nurek (ou Nurek dam pour les anglophones). C'est le barrage le plus grand au monde (300 mètres de haut) et le plus haut en altitude (mais la j'ai pas trouvé les chiffres... si quelqu'un a une heure à perdre sur google... je suis preneuse de toute info !). Il a été construit entre 1961 et 1980, par les Soviétiques donc. Mais le barrage de Rogun (toujours au Taj) dont la fin de la construction est prévue pour je ne sais pas quand, devrait battre ce record et culminer a 335m. On ne voit pas directement la construction, seulement le lac qui s'est formé à la suite de la construction (98 km2 quand même...)

Après près de 3h de route, nous arrivons à Kuliab. La route n'était pas très mauvaise, selon nos standards, et carrément high-tech selon les standards Tajiks. C'est bien simple, c'est la plus belle route du Tadjikistan, hors Dushanbe bien sûr car la Rudaki ne souffre aucune compétition. Et vous savez pourquoi ? Et bien tout simplement parce que ce cher Emomali Rahmonov (le président) est Kuliabi à l'origine. C'est pour ça que j'ai conseillé à mes collègues d'essayer d'élire un président venant de Khorog ou de Khujand la prochaine fois, histoire d'avoir plus d'une route de refaite...

Dans la ville (et même autour de la ville), on voit pas mal de portraits du président : dans les champs, avec des enfants, bref, le truc classique du culte de la personnalité. Mais ce qui est plus frappant encore, c'est les célébrations des 2700 ans de la ville. Oui, oui, cette année, on fête les 2700 ans de Kulyab. Je ne sais pas comment leurs scientifiques font pour être aussi catégoriques et aussi précis, à l'année près, et je vous prierai de ne pas y voir de troublante coïncidence avec la ville natale du président et les élections présidentielles qui, comme par hasard, tombent aussi cette année.

Dès qu'on s'éloigne de la capitale, on trouve de moins en moins de gens qui parlent russe (sauf les vieux qui ont encore des réminiscences du système soviétique). Tout est donc en tadjik, sauf les banderoles indiquant que c'est le 2700e anniversaire de Kuliab. Ca, s'est écrit en russe, en tadjik et même en anglais (avec pas mal de fautes, certes) alors que Kuliab est loin (que dis-je, très loin !) d'être une ville touristique qui pourrait potentiellement attirer les 4 touristes qui visitent annuellement le Tadjikistan. Et pour être sur que personne ne rate cet évènement, ces pancartes sont affichées un peu partout : sur les panneaux publicitaires au bord des routes, sur les murs, sur des banderoles tendues dès qu'on trouve deux poteaux pas trop éloignés, sur des citernes d'eau datant de la Russie tsariste au moins, sur les bas côtés, sur les façades des immeubles, sur les flancs des collines (le tout écrit en grosses pierres blanches savamment alignées pour qu'on puisse les voir de très loin), aux abords des villes sous la forme de petits arbustes taillés (c'est plus « bienvenue à... » mais « Kuliab, 2700... et après je sais pas ce qu'il y'a écrit, c'est du Tadjik en général). Et pour couronner le tout, un grand monument a été construit en commémoration de cet anniversaire. C'est un monument à la tadjike, c'est-à-dire très grand et plein de dorures. Jonas nous dit que ce monument a coûté tellement cher que le gouvernement a ponctionné sur les fonds alloués au secteur de la santé. C'est sur qu'entre rénover les hôpitaux (et je sais de quoi je parle) et construire un monument au milieu d'une bourgade paumée, y'a pas à hésiter !!

Midi arrive et nous avons faim. Sauf que Kuliab n'est pas Dushanbe, et Kuliab n'est pas une ville super touristique, et nous sommes en plein ramadan... Du coup, comment trouver un restaurant et surtout un restaurant ouvert ? On reste le long de la rue principale et on finit par trouver un truc qui ressemble vaguement à un restaurant (тарабхонаи en Tadjik je crois). On est bien accueillis, on a pas de difficultés à trouver une table de libre puisque l'endroit est totalement désert (sauf un monsieur qui mange dans un coin mais se dépêche à s'éclipser quand il nous voit arriver... peut-être qu'il a peur qu'on aille rapporter aux commères du village qu'il y'en a un qui ose manger en cachette malgré le ramadan ?). Les standards sanitaires ne doivent pas être les mêmes qu'à Dushanbe puisque, en nous asseyant, je remarque un cafard qui remonte joyeusement le mur d'en face... Tant qu'il n'y a pas de cafards dans nos assiettes, ça va encore. Mais les surprises ne s'arrêtent pas là. En voyant l'état des verres (à ce stade, j'appelle même plus ça sale... on dirait franchement qu'il y'a des restes de nourriture à l'intérieur, sans parler des traces graisseuses sur les parois), je commande une Baltika que je bois à la bouteille (imitée par Florian et Jonas, Roshni se contentant de la bouteille d'eau qu'elle a emmené avec elle). Les couverts seront soigneusement essuyés avec une serviette en papier et Roshni et moi hésitons à les frotter avec la lotion désinfectante pour les mains que nous emmenons partout avec nous (à la différence des mecs qui donnent l'impression de découvrir que ce genre de chose pouvait exister). Pour le repas, c'est très simple, c'est la même chose pour tout le monde (je crois qu'il n'y a pas trop le choix !) : soupe de raviolis à la viande (les raviolis, hein, pas la soupe) et viande de mouton (que j'offre généreusement à mes camarades, le mouton étant loin d'être ma viande préférée). Personne ne trouve de cafards, mouche, vers dans sa nourriture, mais nous attendons tous demain pour pouvoir dire avec certitude que la nourriture était correcte.

Fin du repas, nous sortons, allons voir une sorte de mausolée qui a encore des dorures partout, passons devant une mosquée en bord de route et puis sortons de la ville. Nous décidons de nous rendre à la montagne de sel, qui est censée se trouver un peu avant Kuliab mais que nous n'avons pas vu en venant, malgré nos efforts et nos vues perçantes... A force de demander, on finit par trouver la fameuse montagne de sel, qui ressemble à n'importe quelle autre montagne, sauf qu'elle a des traînées de sel par-ci par-là (qui ressemblent à des traînées de neige de loin) et une sorte de rivière/lac de sel.

Sur le chemin du retour, on décide de faire un détour pour aller voir le barrage de Nurek (et pas seulement le lac), guidés par Jonas. Le barrage est assez imposant, il y'a plein de pylônes électriques partout, et surtout, surtout, il y'a un portrait du président accroché sur un bâtiment au milieu des pylônes électriques... C'est un endroit paumé, ou personne ne vient jamais (à part pour voir le barrage, car il n'y a strictement rien autour, même pas une route) et ils accrochent quand même un portrait du président qui est tellement loin qu'il est difficilement visible à l'œil nu.... Rha, ces tadjiks alors !

Dedoushka (= papi = Jonas) ayant faim (il a toujours faim !! Il a passé tout le trajet aller à manger du pain, et des gâteaux sur le chemin du retour), on s'arrête manger une pizza en arrivant à Dushanbe. Il est à peine plus de 18h, mais bon... Raffaël (qui était resté à travailler) nous rejoint pour papoter un petit peu et puis chacun rentre chez soi. On a rien foutu aujourd'hui, à part être assis dans une voiture et pourtant je suis crevée (dedoushka aussi !)...

PS : les informations techniques et factuelles sur le barrage de Nurek ont été prises sur Wikipedia...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité