Application concrète du plan "comment se débarrasser d'un importun en moins de 3 minutes"
J'envoie à Mehrinisso les questions que je compte poser à Mr Mahmadov
(le responsable du DPIM) dès mon arrivée au bureau ce matin. Je lui
demande aussi où aura lieu le rendez-vous : apparemment, ça va être au
Ministère de l'Intérieur. J'occupe (péniblement) le reste de la matinée
en faisant quelques recherches complémentaires et en me lançant dans la
traduction en anglais d'une des dernières lois russe en matière de
migration que Mehrinisso m'a envoyé. 13 pages, c'est pas de la tarte
mais ça occupe (et c'est presque le but principal de l'opération).
A midi, je me rends en salle de conférence pour assister à mon 2e staff
meeting. A priori ça ne me concerne pas trop, puisqu'on va discuter du
fameux changement de système de pension, mais après en avoir discuté
avec Mahmoud, j'y assiste quand même car il paraît que d'autres sujets
vont également être abordés. J'attends donc qu'on passe à autre chose
pour demander à Mehrinisso (qui est assise à côté de moi) de commencer
à traduire. Sauf qu'il n'y a pas de « après »... Bravo, j'ai passé une
heure à rien comprendre... pour rien ! Enfin si, j'ai pu aiguiser mon
neurone à la reconnaissance des 12 mots (et oui, ça augmente !) que je
connais en russe. Et comme ça parlait de chiffres et de pourcentages,
ça a fait un bon entraînement.
Dans l'après-midi, je téléphone à zarina pour réserver la voiture. Je
parviens à expliquer à Mahmasaid qu'il faut d'abord aller à l'IRCLM (=
центер ou « tzenter ») à 9h15 avant d'aller au Ministère de l'Intérieur
(=М.В.Д ou « M.V.D ») à 9h30.
Sur le chemin du retour, j'ai droit pour la énième fois à un « hello ».
Je réponds « hello », et comme d'habitude, l'autre commence à me parler
très vite en russe. Pour couper court à toute conversation, je sors mon
arme imparable : « не гаварю по-русски » (autrement dit : je ne parle
pas russe). Ca ne le décourage pas le moins du monde, donc je passe à
la phase B du plan « comment se débarrasser d'un importun en moins de 3 minutes »,
c'est-à-dire qu'à chaque phrase qu'il dit, je hausse les épaules d'un
air désolé et je répète : « не панимаю » (soit : je ne comprends pas)
jusqu'à ce qu'il me lâche. Mais c'est que j'ai affaire à une souche
résistante de l'importunus tadjikae (c'est une variante régionale du
virus importunus masculinus qui peut-être localement virulent).
Celui-ci va me chercher un vieux de la vieille (barbe blanche et canne
à la main) qui, à ma grande surprise, parle plutôt bien anglais et me
traduit ce que l'importun me voulait : un échange anglais/tadjik (ce
que j'avais très bien compris malgré mon air très appuyé de demeurée).
Alors je passe à la phase C du même plan : je dis que je n'ai pas le temps, que je suis pressée, qu'il faut que je rentre, et qu'on verra peut-être (j'insiste bien sur ce mot) la prochaine fois (le fameux « зафтра » qui veut dire « demain »).
Dans la soirée, Fred et Florian arrivent avec 10 samboussas (ce qui est
beaucoup, mais alors beaucoup trop !!) et on papote gaiement une bonne
partie de la soirée. Fred nous montre sa maison à Istres et tous les
travaux qu'il a fait dedans (c'est quand même impressionnant).