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Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
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20 octobre 2006

La Russie...

Il fait gris, froid et il pleut aujourd'hui. Il y'a du vent et de l'orage. On dirait un vrai temps d'automne (enfin, chez nous dans le sud, parce qu'a Lille, c'est le temps qu'il fait toute l'année). Les trottoirs sont détrempés et glissants car, comme ils sont tout sauf lisses, l'eau reste dans les anfractuosités et avec les feuilles qui jonchent le sol, ça patine sec parfois... Ça risque d'être sympa cet hiver quand tout va verglacer...

Mon parapluie est a moitié cassé
, du coup je peux pas le déplier au maximum. Mon pantalon est trop long et il trempe dans les flaques. J'ai froid. L'ampoule au dessus de mon bureau est prête a rendre l'âme et éclaire autant qu'un phare en plein jour. Et pour couronner le tout, Mehrinisso m'appelle pour me dire que finalement le Représentant russe ne veut pas me rencontrer car de toute façon il n'a rien a me dire, pas de données, rien...

Alors tant pis, je craque, tant pis pour vous, vous allez avoir droit a un topo exhaustif des relations russo-géorgiennes depuis l'ère glaciaire... ET ON DISCUTE PAS !!! (je vous previens, c'est assez long, et encore j'ai pas parlé
des conflits avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud...)

Commençons par un petit topo sur l’histoire de la Géorgie.

La Géorgie s’est constituée en royaume au 4e siècle avant J.C.  Mais, comme la Géorgie est située à un point stratégique entre l’Orient et l’Occident, elle a, par conséquent, subi de très nombreuses invasions, guerres, conquêtes, etc. Ainsi, jusqu’au VIIe siècle, les Byzantins et les Perses se sont disputés la Géorgie, qui a été conquise par les Arabes au VIIe siècle, puis par les Turcs seldjoukides au XIe siècle. Au début du XIIe siècle, le royaume de Géorgie est restauré et son influence grandit pour atteindre son apogée sous la reine Thamar (1184-1213). A ce moment la, la Géorgie s’étend de la mer Noire a la mer Caspienne et du Caucase Nord a l’Azerbaïdjan iranien. La Géorgie a été christianisée au 4e siècle après J.C (aux alentours de 337 si mes sources sont exactes) et est toujours en majorité chrétienne (orthodoxe) même si certains territoires ont été islamises entre le XV et XVIIIe siècle sous la domination ottomane.

En 1783, la Géorgie demande la protection de la Russie contre les invasions turques, et c’est donc volontairement que le royaume donne le contrôle de ses affaires étrangères a la Russie. En 1801, le dernier roi de Géorgie abdique et la Géorgie se retrouve de facto dans l’empire tsariste. S’ensuit l’habituelle politique de russification avec la colonisation et l’imposition du russe en 1880. L’empire russe a également pris l’habitude de déporter diverses communautés dans le coin, ce qui explique en partie le caractère multiethnique du pays.

Après la révolution bolchevik, la Géorgie (re)proclame son indépendance. Quelques extraits de la déclaration d’indépendance :


« À la fin du XVIIIe siècle, pressée de tous les côtés par des ennemis, la Géorgie s’allia volontairement à la Russie, à condition que la Russie s’engageât à défendre la Géorgie contre ses ennemis extérieurs.

Les événements de la Grande Révolution russe ont créé une situation intérieure telle que le front de guerre s’est effondré entièrement et que la Transcaucasie a été évacuée par les armées russes. »

« La situation présente de la nation géorgienne commande impérieusement à la Géorgie d’avoir sa propre organisation d’État en vue de prévenir, par ce moyen, la conquête du pays par les forces extérieures et de créer des bases solides pour son développement indépendant.

En conséquence, le Conseil national géorgien, élu par l’Assemblée nationale, le 22 novembre 1917, déclare [que] la nation géorgienne rentre en possession de tous ses droits [et que] la Géorgie est un État indépendant qui jouit de tous les droits de la souveraineté. »

Bien sur, tout n’est pas aussi simple et, en 1921, l’armée soviétique envahit et occupe la Géorgie qui devient une RSS (République Socialiste Soviétique) en 1936. Sous l’occupation soviétique, le russe a supplanté le géorgien : l’enseignement était en russe, les livres étaient en russe, les meilleures écoles étaient les russes. Au début des années 1940, l’alphabet cyrillique est imposé pour faciliter l’imposition du russe.

En 1971, Edouard Chevardnadze  est charg
é par Moscou de prendre le contrôle de la Géorgie, qu’il va diriger jusqu’en 1985, date à laquelle il devient Ministre des affaires étrangères de l’URSS. Il est surnommé le « renard du Caucase » en raison de sa finesse politique. Et c’est lui qui reprendra le contrôle de la Géorgie en 1992, après le coup d’état contre Zviad Gamsakhourdia, le premier président de Géorgie démocratiquement élu 2 ans plus tôt et mystérieusement suicidé 2 ans plus tard (attention, démocratiquement élu, ne veut pas dire que c’était un gentil président animé d’idéaux démocratiques… d’après ce que j’en ai lu, c’était plutôt un régime autoritaire et répressif qu’il avait mis en place !)


La Géorgie est la première RSS
à déclarer son indépendance, le 9 avril 1991. Et à la suite de cette indépendance, les conflits éclatent au grand jour. Notamment ceux avec les régions séparatistes que sont l’Abkhazie et l’Ossetie du Sud. En Abkhazie par exemple, les indépendantistes, soutenus par la Russie, parviennent à virer les troupes géorgiennes de la région en octobre 1993. Le même mois, la Géorgie décide de rejoindre la CEI (Communauté des Etats Indépendants) afin de gagner le soutien russe. Un accord signé en 1994 permet à la Russie de conserver 3 bases militaires en Géorgie en échange de fournitures militaires. En Ossétie du Sud, c'est à peu près pareil, les autorités géorgiennes se font virer. Mais l'histoire détaillée viendra plus tard...

Les tensions avec les sécessionnistes ne cessant pas, la Géorgie accorde une grande autonomie à l’Abkhazie. En même temps, la Russie calme son support a l’Abkhazie, car elle ne peut pas encourager l’indépendance des abkhazes alors qu’elle refuse celle des tchétchènes. Moscou a donc poussé à la signature d’une déclaration de paix en août 1997 entre les deux parties, mais qui fut violée un an plus tard quand les Abkhazes prirent le contrôle de positions sous contrôle géorgien.

En novembre 2003, à la suite d’élections législatives truquées, le président Chevardnadze est réélu. Saakashvili, son opposant, affirme avoir gagné les élections et pousse la population à manifester pacifiquement. Le 22 novembre, jour de l’ouverture de la session parlementaire, les manifestants envahissent le parlement avec une rose à la main, interrompant un discours de Chevardnadze et le contraignent à fuir. Il déclare l’état d’urgence, mais les militaires refusent de le soutenir. Le lendemain, une rencontre est arrangée par le ministre des affaires étrangères russe entre Chevardnadze et son opposant, à la suite de laquelle le président démissionne. En janvier 2004, de nouvelles élections sont organisées et remportées par Saakashvili, 36 ans.

Bon, maintenant que vous êtes incollables sur l’histoire plus ou moins récente de la Géorgie, on va pouvoir entamer les choses sérieuses et s’intéresser aux relations (mauvaises ? tendues ? difficiles ? in
égales ? désastreuses ?) entre la Russie et la Géorgie.

Déjà, l’URSS avait une dent contre les Géorgiens. La Géorgie était une sorte de dépotoir ou on déportait les communautés et autres « rebuts » de l’URSS. Au début des années quatre-vingt, Mikhaïl Souslov (1902-1982), le gardien intransigeant de l'idéologie communiste sous Leonid Brejnev, fit  une «conférence à huis clos» au cours de laquelle il justifiait ainsi les intentions quasi machiavéliques de l'URSS à l'égard de la Géorgie:

« Nous devons permettre à nos généraux d'Extrême-Orient de continuer à avoir des conditions de vie «normales». Pour procéder à leurs rapatriements, nous avons besoin des territoires situés au bord de la mer Noire où vivent, comme vous le savez, les Géorgiens.
Nous devons tenir compte du fait que les Géorgiens se différencient fortement de nous et que, tôt ou tard, ils poseront la question de l'indépendance et de la liberté. Nous devons commencer à les affronter en Abkhazie. En profitant de l'Abkhazie, nous accorderons l'indépendance à la Mingrélie, la Svanéthie et l'Adjarie. Nous raviverons ainsi les sentiments provinciaux et nationaux entre eux. Nous devons dresser la Géorgie occidentale contre la Géorgie orientale et ensuite jouer le rôle de conciliateurs. »

Et c’est à peu près ce qui s’est passé (et se passe toujours d’ailleurs).

Ensuite, la Russie soutient plus ou moins ouvertement les républiques sécessionnistes d’Ossetie du Sud et d’Abkhazie contre la Géorgie. Très régulièrement, il y a des prises de bec entre la Russie et la Géorgie, et la révolution de la rose n’a rien arrangé, puisque le nouveau président géorgien est pro-occidental et aimerait bien entrer dans l’OTAN voire même dans l’UE (à beaucoup, beaucoup plus long terme).

Rien que l’année 2006 (parce que sinon on en a pour des heures !) est pleine de petites ou grosses crises.

Ainsi, la Russie et la Géorgie ont commence cette belle année en se souhaitant tout plein de bonnes choses, une bonne santé et plein de boites de chocolats... Et puis, le 22 janvier, patatrac. Deux explosions simultanées sur le pipe-line reliant Mozdok (en Russie) et Tbilissi (capitale géorgienne) et une explosion sur une ligne de transmission d’électricité près de la frontière géorgienne, le tout cot
é russe, privent la Géorgie de gaz et d’électricité, alors que le pays connaît la plus grosse vague de froid depuis une vingtaine d’années, avec des températures descendant jusqu'à –20 degrés…

Les autorités russes prétendent que c’est la faute de rebelles Tchétchènes, alors que la Géorgie pense que c’est une manière pour la Russie de punir la Géorgie pour être trop pro-occidentale. Du coup, les autorités géorgiennes coupent le gaz à l’ambassade de Russie (ils disent qu'il y a d'autres endroits plus importants à alimenter), tout en essayant d’obtenir de l’énergie d’Azerbaïdjan, d’Arménie et d’Iran. Et comme par hasard, un problème technique à la frontière entre la Russie et l’Azerbaïdjan (toujours coté russe) perturb la livraison de gaz à l’Azerbaïdjan qui a, du coup, baissé ses livraisons à destination de la Géorgie.

Le 29 janvier, la Russie reprend ses livraisons de gaz et d’électricité à la Géorgie. Deux jours plus tard, Poutine continue d’aviver les tensions en disant que « pendant que nos ouvriers étaient en train d’essayer de réparer les gazoduc dans un froid sibérien, les autorités géorgiennes n’ont pas arrête de nous cracher dessus ». Et puis il a aussi rajouté que la Russie reconnaîtrait les deux provinces sécessionnistes si jamais le Kosovo devenait indépendant… mais ça, c’est l'autre histoire que je vous réserve pour plus tard.

L’accalmie sera de très courte durée, puisque le 1er février, un accident de voiture impliquant un véhicule de la force de maintien de la paix russe (qui est présente en Ossetie du Sud depuis 1992) a continué à dégrader les relations entre les deux pays. Ce banal accident a failli se transformer en confrontation armée quand les autorités géorgiennes ont voulu confisquer le véhicule en question. Les officiers russes ont alors appelé des renforts et la situation a été bloquée pendant 10 heures, jusqu'à ce que des négociations entre le général qui commande les troupes russes et un représentant géorgien aboutissent…


Tout ça ne s’arrête pas en si bon chemin : une semaine plus tard, la police géorgienne arrête 3 militaires russes prétextant que ceux-ci n’avaient ni visa, ni passeport et qu’ils seraient peut-être expulsés. En fait, ils ont finalement été relâchés, ce qui n’a pas empêché les autorités d’arrêter deux nouveaux véhicules de la force de maintien de la paix le 14 février, toujours pour absence de papiers d’identité.

Le même jour, le président géorgien, dans son discours annuel sur la nation, garde le silence sur la force de maintien de la paix, mais insiste sur les réformes militaires effectuées et sur la volonté de la Géorgie d’intégrer l’OTAN, peut-être en 2008, ce qui signifie que « les frontières de la Géorgie seront les frontières de l’OTAN »… je trouve personnellement qu’il y a mieux pour apaiser la Russie, surtout quand on sait
à quel point elle ne supporte pas que ses voisins intègrent l'OTAN…

C’est au tour du parlement géorgien de s’en prendre à la Russie, le 15 février 2006, en votant à l’unanimité une résolution demandant le départ de la force russe de maintien de la paix, sans toutefois préciser de date butoir. L’Ossétie du Sud demande son rattachement a la Fédération de Russie et les autorités géorgiennes trouvent que la force de maintien de la paix russe n’est pas du tout impartiale. La Géorgie voudrait que ce soit la communauté internationale (l’OSCE par exemple) qui se charge de ça, ce que la Russie refuse.

En réponse, le ministre de la défense russe n’a pas hésité à brandir des menaces à peine voilées concernant une certaine dépendance énergétique de la Géorgie envers la Russie…

Les relations continue d’empirer quand, le 20 février, la délégation géorgienne ne participe pas a la session de la Joint Control Commission (le groupe compose de représentants de la Russie, la Géorgie, l’Ossetie du Nord et du Sud et qui est charge d’essayer de résoudre le conflit). Le lendemain, la Russie annonce qu’elle arrête de délivrer des visas aux Géorgiens et qu’elle annule la visite du Premier ministre géorgien, prévue pour le 20 mars. Une guerre des mots s’ensuit avec des provocations de part et d’autre, et l’implication des media russes. La plupart des commentateurs russe estiment que seul un changement de régime en Géorgie peut permettre le rétablissement de bonnes relations de voisinage. Un présentateur pro-Kremlin a même été jusqu'à sous-tendre l’assassinat pur et simple de Saakashvili en déclarant qu’ « une balle est moins chère qu’une guerre ». Vive l’ambiance !

Et puis, le 22 mars, le leader (non reconnu par Tbilissi) de l’Ossetie du Sud annonce qu’il va demander à Moscou de reconnaître officiellement l’appartenance de la province à la Fédération de Russie. Le leader de l’Ossetie du Nord (qui appartient pour de vrai à la Russie) en a rajouté une couche en disant que l’unification des deux Ossetie était inévitable en raison d’un gouvernement trop instable en Géorgie. Et puis, un membre quelconque du gouvernement russe a ajouté, le 23 mars, que la Russie soutiendrait l’unification des deux Ossetie, ce que le Ministère des Affaires Étrangères russe a du démentir par la suite…


Une semaine plus tard, le 30 mars, la Russie interdit l’importation de vins géorgiens et moldaves, sous prétexte qu’ils contenaient des pesticides. Il faut savoir que la Géorgie est très fière de son vin, qu’elle exporte majoritairement (86 ou 87%) a la Russie. La Géorgie pense que, bien sur, c’est une mesure politique, destinée à punir la Géorgie pour avoir bloqué l’accession de la Russie à l’OMC, en mars également.
Début mai, la Russie a également interdit l’importation de deux célèbres marques d’eau minérale géorgiennes, pour des raisons sanitaires également. Bien sur, cette eau minérale est principalement exportée à la Russie.


Ces différentes interdictions poussent la Géorgie à considérer un retrait de la CEI, considérant qu’elle n’a plus grand chose à perdre : ses citoyens doivent déjà obtenir un visa pour entrer en Russie (seul état membre à devoir faire cela) et maintenant ses exportations de vin, de fruits et d’eau minérale sont interdites.
Bien que ce retrait soit peu probable, en raison de la dépendance énergétique et commerciale de la Géorgie envers la Russie. Et puis aussi, ça risquerait de compliquer sérieusement le règlement des conflits en Ossetie du Sud et en Abkhazie…

Le 26 mai, un musée commémorant la répression soviétique est ouvert à Tbilissi. Officiellement, c’est pour se souvenir des 880 000 géorgiens qui ont été tués ou déportés sous le joug soviétique, mais Moscou prend ça pour de la provocation. Déjà, la date d’ouverture n’est pas fortuite : elle rappelle le 26 mai 1918 quand la Géorgie a proclamé son indépendance. Puis, dans le discours d’inauguration, le président a dit : « nous avons surmonté beaucoup d’obstacles et nous sommes devenus un état. Cela signifie que jamais personne ne forcera la Géorgie à s’agenouiller comme en 1921 [= l’invasion des soviétiques] »

Après une brève tentative de calmage de tension avec une rencontre entre les deux présidents, qui n’a bien sur mené à rien de concret, les affaires reprennent avec une déclaration de Poutine, le 27 juin, affirmant que ses troupes ne bougeraient des provinces séparatistes de Géorgie, alors que le parlement géorgien doit évaluer le rôle des forces russes de maintien de la paix en Abkhazie le 1er juillet.

Juillet, nouvelle escalade des tensions. Le 8, la Russie ferme un point de passage entre la Géorgie et la Russie, et en ouvre un autre, mais en Ossetie du Sud, ce qui ne plaît pas à Tbilissi. Le 9 et 14 juillet, deux bombes tuent un responsable du gouvernement autoproclamé d’Ossetie du Sud et deux civils. Moscou accuse la Géorgie d’essayer de déstabiliser la région. Fin juillet, en Abkhazie cette fois. Emzari Kvitsiani qui, à l’origine avait été envoyé par le Ministère de la Défense dans la Gorge de Kodori (une gorge située en Abkhazie mais sous contrôle géorgien), refuse de désarmer sa milice. Il menace également d’ouvrir le feu sur tout soldat qui tenterait de les désarmer. La Géorgie le traite aussitôt de traître, dit que c’est la faute des Russes et des séparatistes et envoie un convoi militaire dans cette fameuse zone. Les séparatistes préviennent qu’ils considéreront ça comme une violation de l’accord de paix, et la Russie poste nonchalamment 6000 militaires russes à la frontière géorgienne, pour des « exercices » en vue d’un possible déploiement en Ossetie du Sud…

Le 25 et 26 juillet, la Géorgie commence son opération visant à démanteler la milice, et capturer le vilain traître. La Russie prévient qu’elle pourrait prendre des mesures préventives pour que l’instabilité ne se propage pas sur son territoire. Finalement, le traître ne sera pas capturé, la Russie ne prendra pas de mesures préventives et la Géorgie décidera d’installer son gouvernement abkhaze dans la gorge (ce qui ne plaît pas du tout aux séparatistes, ni aux Russes comme vous vous en doutez…). 

Et, dernière crise en date, celle des espions. Le 27 septembre, la Géorgie arrête 4 militaires russes (et 11 géorgiens) pour espionnage, de mani
ère assez spectaculaire et largement mediatisée il est vrai. Un cinquième militaire russe s’est retranché dans les quartiers militaires russes et refuse d’en sortir. La Russie n’apprécie pas, mais alors pas du tout. Le 28 septembre, elle rappelle son ambassadeur, prépare l’évacuation partielle de son personnel diplomatique et de leur famille en raison de « menaces grandissantes sur leur sécurité », et conseille à ses ressortissants de ne pas se rendre en Géorgie. Tout en demandant la libération immédiate de ses 4 officiers, le Ministre de la Défense russe promet une réponse « adéquate ». Pour commencer (et comme d’habitude), l’ambassade russe à Tbilissi a annonce qu’elle arrêtait temporairement de délivrer des visas pour la Russie, alors que des milliers de géorgiens travaillent périodiquement ou non en Russie.

La Russie a continué en demandant à l’ONU de condamner la Géorgie pour ces arrestations, et a arrêté l’évacuation en cours de ses bases militaires en Géorgie. Le 30 septembre, tout le personnel diplomatique russe est évacué, sauf deux diplomates et un garde. Les autorités russes détruisent également 70 000 litres d’alcool géorgien pour des raisons de manquement aux standards sanitaires russes. C’est peut-être vrai, mais le timing est plutôt mal choisi…

Le 2 octobre, la Géorgie relâche les officiers en les remettant a l’OSCE tandis que la Russie annonce qu’elle retirera ses troupes de Géorgie comme prévu.

Vous vous dites sûrement : c’est bon, la crise est terminée, tout peut rentrer dans l’ordre… Mais c’est que vous vous trompez sur le caractère rancunier de ces Russes (cherchez pas, j’ai une dent contre les Russes aujourd’hui).

Les sanctions continuent donc. Le ministère des Transports russe annonce qu’il a suspendu toute communication (routière, ferroviaire, aérienne, marine) avec la Géorgie, et que les relations postales seront également suspendues. Sur le même ton, la Douma (parlement russe) propose des amendements aux lois existantes pour permettre de suspendre les transferts d’argent à destination de certains pays dans les situations d’urgence (on se demande pas qui est visé, surtout quand on sait que la Géorgie compte énormément sur l’argent envoyé par ses ressortissants travaillant en Russie). Moscou se déchaîne dans ses déclarations en comparant les méthodes géorgiennes aux méthodes staliniennes, en faisant escorter les enfants russes dans leurs écoles géorgiennes au cas ou les autorités géorgiennes voudraient les arrêter pour espionnage. Certains politiciens demandent même que la Russie arrête de fournir gaz et électricité à la Géorgie.

Pourtant, la Géorgie fait mine d’apaiser les tensions, en acceptant que des troupes russes fassent partie d’un contingent de maintien de la paix stationné dans la gorge de Kodori. Et ben, ca change rien…

Le 6 et 9 octobre, la Russie expulse respectivement 130 et 119 géorgiens. Le 10, elle rapatrie 150 de ses ressortissants. Elle rejette également la proposition du président géorgien d’organiser une rencontre pour calmer la situation. Les autorités russes ne s’en prennent pas qu’aux migrants illégaux, mais elle met également la pression sur des Géorgiens ayant acquis la nationalité russe depuis 15 ans. C’est carrément une traque au Géorgien qui se met en place, puisque la police vérifie les papiers des croyants qui fréquentent des églises orthodoxes géorgiennes, demande aux écoles de leur communiquer les coordonnées des enfants géorgiens ou dont les noms ont des consonances géorgiennes (ce que la plupart des écoles ont refuse de faire jusque la) et s'en prend aux commerces tenus par des géorgiens.

Bon, y’a aussi quelques provocations coté géorgien. Un des derniers colis délivré à la Russie, le 6 octobre, contenait des grappes de raisin envoyées par le ministre de la Défense géorgien au Kremlin pour qu’il n’oublie pas le goût du raisin géorgien…

A la date du 21 octobre, il semblerait que les autorités russes aient ordonne l’expulsion de 700 géorgiens. L’un d’entre eux est même mort à l’aéroport de Moscou. Le 22 octobre, une galerie d’art moscovite a ete mise a sac, sans raison particuliere, mais bizarrement, elle contenait des œuvres d’un artiste géorgien.

Mais pourquoi tant de haine ??? Et ben...

...une des raisons pour cette pression continue de la part de Moscou peut être la décision de l’OTAN de franchir une étape supplémentaire dans le processus d’adhésion de la Géorgie, ce que la Russie ne supporte pas. Il y a aussi tout un tas de considerations geopolitiques. Et puis il y a les élections qui approchent…

Autres liens :

  • pour l'histoire de la Géorgie, je suis allée voir ici et là
  • pour une carte des differentes religions du caucase, allez voir la rubrique population

Ah ben du coup, ça va beaucoup, mais alors beaucoup mieux !!

Et moi, dans tout ça, j’arrive avec ma petite demande d’entretien pour parler des Tadjiks que les Russes expulsent… Pourquoi même les événements internationaux sont contre moi ???

PS : je sais, j'ai mis du temps à le faire cet article, mais c'est que ca prend du temps ces choses la ! Je le date quand meme du 20 octobre, sinon il y'aura un trou dans mon journal, mais il inclut des elements postérieurs.

 

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