Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Publicité
Archives
9 novembre 2006

Histoires d'eau

Recoupure d’eau ce matin : mais qu’est-ce qui se passe ? On est plus en été voyons ! Les canalisations ne devraient plus être à sec, et vu ce qui tombe dehors, ça m’étonnerait que l’eau soit détournée par les gens pour arroser leur jardins ou autres… Bref, je sors mon beau parapluie un peu cassé et je pars bravement au travail. La grosse averse de ce matin se transforme en grosse pluie qui dure toute la journée. C’est agréable de voir enfin la pluie tomber pour de vrai. Je m’interromps d’ailleurs régulièrement dans mon travail pour regarder cette pluie que j’ai attendu avec de plus en plus d’impatience au cours des 5 derniers mois.

C’est moins agréable par contre quand je dois sortir… Mon parapluie ne me sert pas à grand-chose puisque je me mouille d’en bas. Je dois me rendre au cours de russe, donc au lieu de traverser la Mirzo Tursunzade pour rejoindre la Rudaki, je dois remonter ladite Mirzo Truc pour ensuite tourner à gauche dans la rue Loïk Sherali. Sauf que j’aime pas la Mirzo Machin. D’abord elle est très mal éclairée (voire pas du tout dans certains endroits), ensuite elle est assez pourrie, les trottoirs sont tout sauf lisses, il y’a des crevasses partout, des endroits sans goudron, des sortes de fossés qui traversent le trottoir, des racines d’arbres qui font des bosses sous le trottoir, etc. Donc, déjà, en temps normal, il faut regarder où on met les pieds. Mais quand il pleut, c’est encore pire. Toutes les crevasses sont remplies d’eau, il y’a un nombre incalculable de flaques à éviter, enjamber, contourner, sonder (parce qu’on ne sait jamais si c’est une crevasse de quelques millimètres de profondeur ou si c’est un trou de 10 cm de profondeur, et ça change pas mal de chose quand ladite crevasse est pleine d’eau), ce qui ralentit considérablement l’allure. Parfois il faut carrément sauter par-dessus les petits (enfin, tout est relatif) torrents transversaux qui s’en vont alimenter le gros torrent qui s’est formé sur la route, car bien sur, les caniveaux/tranchées/précipices qui encadrent toutes les rues ou presque du Tadjikistan ne suffisent pas à drainer la pluie et ont débordé depuis longtemps.

C’est d’ailleurs à ce moment-là que je comprends l’intérêt d’avoir conservé des routes de type soviétique, même s’il n’y a pas de trafic à part aux abords des bazars : une à-peu-près 4 voies par temps sec se transforme en une 1 voie et demie par grosse pluie. Le problème, dans le cas présent, c’est qu’il va falloir que je traverse, à un moment ou à un autre. Sauf qu’il n’y a pas de pont, pas de barque, et pas d’âme charitable à proximité qui pourrait me porter sur son dos pour traverser cette rue, afin que mes précieux petits pieds restent bien au sec. Alors je continue vaillamment tout droit en repoussant le plus possible l’échéance.

A mi-chemin, un problème de taille se pose à moi. Une colonne de militaires (tous dégoulinants sous leur ponchos) qui occupe toute la largeur du trottoir descend la rue du même côté de moi, mais en sens inverse. Ce sont des militaires, inutile d’espérer une quelconque réaction de leur part. En bons bourrins, il y a toutes les chances pour qu’ils avancent sans même ralentir ou chercher à s’écarter. Toute tentative de conciliation devra venir de moi. En l’occurrence, j’ai un choix très simple (et pourtant très difficile) à effectuer : soit je reste là où je suis, sans bouger, et je prends le risque de me faire piétiner par la masse humaine qui s’avance vers moi, soit je m’écarte du trottoir mais alors je vais devoir découvrir à mes dépens à quelle profondeur sous les eaux se trouve le bas-côté. Je décide de rester là où je suis et d’attendre que la vague soit passée. Quand les militaires sont enfin derrière moi, j’ai l’impression d’être passée dans les rouleaux des lavages automatiques pour voitures (parce que les militaires se sont bien sur empressés d’essuyer leurs ponchos dégoulinants sur mon pantalon presque sec…). Je suis certes humide, mais je ne suis pas encore trempée et j’ai les pieds au sec, donc je ne me sens toujours pas capable de traverser le torrent qui dévale la route à ma gauche.

Je continue mon périple jusqu’à ce que j’arrive à une « impasse » : la route est coupée par un gros torrent, impossible à contourner, impossible à sauter. Non, il ne me reste que deux options : soit je mets les pieds dedans pour traverser, soit je fais demi-tour et je cherche un endroit plus sec pour traverser. Sauf que ça fait bien dix minutes que je marche et le torrent sur la Mirzo Tursunzade reste uniformément large. Alors je prends mon courage à deux mains (dans le cas précis, je pense qu’on peut même dire à deux pieds) et je traverse le torrent transversal. J’en ressors totalement transfigurée : j’ai les pieds qui font « floc floc » dans les chaussures, ma température corporelle vient de descendre de 10 degrés, et je suis totalement décomplexée pour la grande traversée de la route. Même les voitures qui ralentissent à peine en passant à côté de moi et qui, du coup m’éclaboussent joyeusement, ne me font plus peur.

J’arrive au cours de russe complètement trempée et bien que je me sois consciencieusement essuyé les pieds sur le paillasson je laisse une grosse traînée humide sur mon passage. Lilia arrive peu après moi, emmitouflée dans un survêtement anti-pluie (on voit les habitués). Elle me regarde deux secondes et estime qu’il faut déclencher le plan d’urgence. Elle fait venir un chauffage électrique et une théière bien chaude. Le thé, c’est pour réchauffer l’intérieur, et le chauffage, c’est pour faire sécher mes chaussures et mes chaussettes. Elle me force à mettre des chaussons tricotés en laine (exactement comme ceux que nous tricotaient mamie quand on était petits) sur mes pieds gelés, et c’est parti pour la leçon.

Si le chemin du retour (par la Rudaki) s’avère moins suicidaire, c’est parce qu’il y’a de la lumière et qu’au point ou j’en suis, je ne crains plus grand-chose. D’ailleurs, je remarque que les militaires ne sont pas là ce soir pour répéter. Ce sont des chochottes qui ont fait une mutinerie générale pour ne pas se mouiller ou c’est le commandement tadjik qui a, en fin de compte, plus de cœur qu’on ne le pensait pour cette chère chair à canon ?

Publicité
Publicité
Commentaires
S
coucou!<br /> oui ca va les batiments sont chauffes (on est a shanghai! lol), mais la photo a ete prise en ete...!<br /> Maintenant il fait froid et humide, la ville est bien degueulasse! Heureusement a partir d'hier il s'est mis a faire froid "genre Pekin": sec!<br /> Tu finis quand ton stage?<br /> bises!<br /> LN.
Publicité