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Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
Tadjikistan : la future superpuissance mondiale
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11 novembre 2006

tentative d'effraction

Mauvaise nuit : début de bronchite et rhume carabiné en perspective… Mais bon, je ne suis pas encore en train de mourir, donc je ne vais pas commencer à me plaindre ! Surtout que le grand ciel bleu est revenu avec des températures clémentes. Clémentes ne veut pas dire qu’on peut se balader en tee-shirt, mais on peut largement oublier le manteau et l’écharpe à la maison (et se choper une belle bronchite au passage, JE SAIS). Si le beau temps est revenu, l’eau est repartie par contre. Ça commence à me saouler cette histoire d’eau. Comme d’habitude je laisse les robinets ouverts et je me plante fermement dans mon canapé jusqu’à ce que j’entende le doux bruit de l’eau qui coule. Ce qui, au passage, me coince sur le canapé pendant toute l’après-midi.

Après un petit appel de France, j’étais en train de faire une partie de freecell sur l’ordinateur en chantant « Ces gens-là » (version Noir Désir) à tue-tête quand des coups secs à la porte me réduisent au silence instantanément. Ce sont les voisins qui n’apprécient pas mon interprétation de la chanson ou quoi ? Un peu dur de prétendre que je suis pas là, une fois de plus, en raison du volume sonore de la musique, mais je m’approche tout de même à pas de loup de la porte. Je jette un discret coup d’œil sur le palier, mais ça ne m’avance pas beaucoup, il fait noir (personne n’a changé l’ampoule du palier récemment) et je ne distingue que des formes masculines. Pas super rassurant. Les deux bonhommes continuent de frapper (que dis-je, de tambouriner) à ma porte, et moi je continue de faire la morte/sourde/tebée malgré la musique à fond et la lumière allumée. Je me dis qu’ils vont finir par se décourager et me laisser tranquille, mais c’est mal connaître la ténacité des tadjiks. Ils continuent de frapper très fort sur ma pauvre porte jusqu’à en détacher certains morceaux (ah bravo ! Et c’est qui qui fait le ménage après ??), commencent à crier des trucs (en tadjik bien sur, donc ça ne m’avance pas) sur un ton pas très sympathique (ce qui ne m’incite pas vraiment à leur ouvrir) et essaient même d’ouvrir ma porte (c’est ça, ils ont qu’à casser ma poignée aussi tant qu’ils y sont !).

Dix minutes plus tard, ils sont toujours là, à tambouriner sur ma porte. Je doute qu’il s’agisse de vendeurs ambulants ou de mendiants (ils auraient laissé tomber depuis longtemps). Mais si je leur ouvre maintenant, il se peut fortement qu’ils cherchent à me casser la tête pour les avoir fait poireauter aussi longtemps et pour les avoir forcer à se casser la voix. Donc, je me dis qu’il est temps d’appeler Faridun à la rescousse. Sauf que, comme dans les films d’angoisse, c’est toujours à ce moment là que quelque chose ne marche pas (sinon le héros/héroïne peut toujours appeler la police et hop on n’en parle plus). Je décroche le téléphone en priant qui vous voulez pour que mon téléphone ne me lâche pas à ce moment critique (et peut-être ultime) de mon existence. Non, c’est bon, il y a de la tonalité. Sauf que le téléphone est passé en mode « analogique » ou je sais pas comment on l’appelle. C’est quand, au lieu de faire « bip » quand on appuie sur les touches, on entend plus ou moins de « tictic » selon le chiffre désiré (comme les vieux téléphones publics où il faut faire tourner le cadran). Bien sur, il ne faut pas taper les chiffres trop vite sinon il en loupe un au passage et il faut tout recommencer. Un peu nerveuse à cause du vacarme que mes deux visiteurs s’obstinent à faire devant ma porte, je me trompe deux ou trois fois avant de composer le numéro de Faridun pour de bon. Immédiatement, une voix préenregistrée me dit que le numéro de Faridun ne marche pas momentanément et que je ferai mieux de rappeler plus tard. Oui, c’est ça. Elle a pas l’air de se rendre compte qu’il n’y aura peut-être pas de plus tard quand les tueurs auront défoncé ma porte et m’auront fait subir ce que je fais systématiquement subir à tous les cafards qui traversent mon champ de vision : une défenestration nette et précise.

Bon, je garde mon calme, et je recommence (on sait jamais, peut-être que j’ai fait le mauvais numéro, ou peut-être que Faridun aura perçu grâce à son sixième sens qu’il serait temps de rallumer son téléphone). Cette fois, ça sonne occupé. Fariduuuuuuun !! Je te haiiiiis !

Ok, rapide point de la situation : deux monstres déchaînés (oui oui, j’exagère peut-être un peu, mais 1) c’est moi qui raconte et 2) ça se voit que c’est pas vous qui êtes à ma place) continuent de faire le siège de mon petit appartement, Faridun m’ignore totalement, et contrairement à ce que j’ai toujours cru quand j’étais petite, ma maman ne peut pas me sauver cette fois. Je prends donc ma liste de numéros de téléphone et je cherche la personne la plus adaptée à la situation : Christine est partie, Jonas aussi, Roshni n’est pas ceinture noire de tækwondo, Parviz habite à perpette (donc le temps qu’il arrive, si jamais il répondait au téléphone, ma porte aura cédé depuis longtemps).

J’égrène ainsi ma liste jusqu’à ce que je tombe sur le nom providentiel : Florian. Travaille à l’ambassade (si ça chauffe trop, je me réfugie dans la voiture diplomatique et je serai en sécurité sur un bout de territoire français de 3 m²), parle russe (ça peut effectivement être utile) et est militaire (suis pas sure que ça aide beaucoup en l’occurrence). Je compose le numéro en essayant de rester concentrée malgré le boucan et, ô miracle, Florian répond. A la question « Salut, ça va ? » posée d’un ton enjoué, je réponds très posément « Euh… non pas tellement en fait, y’a deux gorilles qui cherchent depuis 10 minutes à rentrer dans mon appartement, ils gueulent comme des putois, je comprends rien à ce qu’ils veulent, et s’ils se calment pas bientôt, ils vont défoncer ma porte. » Non je n’ai pas dit ça tout à fait comme ça, mais c’était l’idée principale. Florian me dit qu’il arrive bientôt et en effet, 5 minutes plus tard, il frappe à ma porte. J’ouvre précautionneusement et, ne voyant plus personne dans le coin demande s’« ils » sont partis. Il me répond que non et, ô malheur, je vois deux têtes émerger des escaliers.

Florian m’explique que ce sont des policiers. Oui ben, excuse moi, mais dans le noir, ça se voit pas et je ne les ai pas clairement entendu gueuler : « politizia » ou « militzia » ce que j’aurais compris. Apparemment le premier policier (celui qui a du taper pendant 15 minutes sur ma porte) m’en veut un peu car il me demande mes « documents » sans même esquisser un sourire d’excuse. Je laisse donc Florian essayer de calmer les policiers en leur disant que j’avais peur, qu’il faisait noir, que je parle pas russe et que je ne suis pas une vilaine fille qu’il faut envoyer en travaux forcés en Sibérie, et je vais chercher mon passeport. Pour la troisième fois depuis que je suis arrivée, ils me demandent quel âge j’ai et où je travaille. Puis ils me demandent qui est mon propriétaire, si j’ai son numéro de téléphone et si j’ai signé un contrat pour l’appartement. Je leur donne tous les renseignements qu’ils veulent et ils finissent par partir.

Avant de repartir, Florian et Sylvain (un autre militaire qui est venu avec) me disent qu’ils ont grillé trois feux rouges, écrasé une vieille et son chien pour venir (pour les feux je les crois, pour la vieille, j’espère quand même que ce sont des conneries). Ils m’apprennent également que la cérémonie d’intronisation du président sera samedi prochain, donc que les militaires risquent fortement de s’entraîner tous les soirs pendant encore une semaine… Chouette… de l’animation !

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Commentaires
S
oui, j'avoue que cette fois je faisais pas trop la fière dans mon appart, le temps que Florian arrive.<br /> Et si quelqu'un de mal intentionné s'avisait de me suivre, je n'hésiterais pas à hurler à l'aide dans ma cage d'escalier et j'accepterais même de diner avec mes voisins afghans tous les soirs de la semaine s'ils voulaient bien me sauver la vie... Elle est pas efficace ma technique de self-defence ? :-)
V
olala qu'est-ce que tu as dû avoir peur quand même, je n'imagine même pas si quelqu'un de mal intentionné te suivait dans la rue...bon dès que tu rentres il faut que tu suives des cours de self-défense!!!
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